Arthur Martin vous en donne plus

Avec « le Nom des gens », Michel Leclerc signe une agréable comédie sur laquelle souffle l'esprit de Woody Allen. La légèreté dans le ton n'excluant pas une certaine réflexion sur le fond. Avec cette question centrale : comment se construit une identité ?Bahia Benmahmoud (Sara Forestier) est une jeune femme d'origine algérienne par son père totalement extravertie et désinhibée. Très engagée, à sa façon, dans l'action politique, elle voit des « fachos » partout. Pour convaincre ses « ennemis » d'adhérer à sa cause, elle n'hésite pas à donner de sa personne... en couchant avec eux. À son tableau de chasse : des militants du Front national, des jeunes permanents de l'UMP, un intégriste islamiste, etc. Bahia fait un jour la connaissance d'un jeune quadra dénommé... Arthur Martin (Jacques Gamblin) qui, en apparence, semble son parfait opposé. Arthur Martin est calme, réservé, prudent en toute chose. Pour Bahia, avec un nom pareil - « Au moins, on sait d'où ça vient », lui lance-t-elle -, Arthur Martin est forcément un peu « facho ». S'ensuit une romance un peu compliquée entre les deux personnages. Ce film mené à cent à l'heure est bourré de répliques savoureuses et de trouvailles astucieuses... Comme cette apparition de Lionel Jospin jouant son propre rôle. Et la jeune Sara Forestier est convaincante dans le rôle de la jeune femme exaltée, dénuée de toute pudeur. Jacques Gamblin, lui, affiche une « classe » nonchalante qui lui va comme un gant. Mais au-delà du côté gaguesque très réussi, l'opus aborde aussi la question de l'identité, des communautés, des origines. Sara exprime parfaitement ce ras-le-bol : elle est d'origine arabe et le revendique mais elle a aussi le droit d'être athée et de ne pas être forcément regardée comme musulmane. Quant à Arthur Martin - « comme les machines », véritable gimmick du film -, il est très content de pouvoir planquer derrière ce nom franchouillard ses origines juives dont il n'a pas grand-chose à faire, même s'il compatit à la douloureuse histoire de sa famille. Au final, un bon film avec des personnages attachants, tentant de gérer leurs névroses. Du Woody Allen, on vous dit. Jean-Christophe Chanut
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