Pékin n'obtient pas de rabais sur le gaz russe

Les rôles traditionnels sont inversés. C'est aujourd'hui Pékin qui fait figure d'impatient tandis que Vladimir Poutine prend des airs de sage pour affirmer que « les négociations entre Gazprom et China National Petroleum Company (CNPC) à propos des exportations de gaz vers la Chine progressent » - alors que le désaccord sur les tarifs du gaz dure depuis des années... Des sources citées dans la presse chinoise parlent d'un « fossé de 100 dollars » entre le prix proposé par Moscou et celui que Pékin est prêt à payer. Gazprom veut vendre son gaz au tarif européen (soit au moins 300 dollars les mille mètres cubes) et ne consent à aucun rabais, d'autant qu'il s'agit de construire un très long et donc très coûteux gazoduc jusqu'à la frontière chinoise. Le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, ne « voit pas Gazprom signer un accord avant l'été prochain. Pékin est plus pressé, souhaitant profiter du fait que les prix sur le marché spot sont tombés à 200 dollars les mille mètres cubes. CNPC veut de très gros volumes : 70 millions de mètres cubes par an (soit près de la moitié de ce que l'Europe achète à Gazprom) sur trente ans. La Chine est un client formidable pour les riches ressources minérales russes. Dès janvier prochain, la Chine va recevoir 300.000 barils de pétrole brut via le nouvel oléoduc Sibérie Pacifique. Parallèlement le pétrolier russe OAO Rosneft et CNPC veulent étendre leur coopération dans l'exploitation et la production de pétrole, notamment en rachetant ensemble des actifs en Russie et à l'étranger, Mais Moscou ne se satisfait pas de ce rôle et entend bien garder ses entrées sur le marché chinois dans ses domaines d'excellence. Le nucléaire a encore les faveurs de Pékin puisque le constructeur de centrales nucléaires russe AtomStroïExport a signé mardi un contrat pour les troisième et quatrième réacteurs de la centrale chinoise de Tianwan, pour quelque 1,3 milliard de dollars. En revanche, les armes russes sont de plus en plus boudées par les militaires chinois. Pékin s'intéresse au missiles S-400En 2005, 53 % des exportations d'armes russes allaient encore à la Chine, contre à peine 12 % en 2009. Pékin s'intéresse surtout aux derniers missiles S-400, que Moscou n'est pas prêt à lui fournir avant 2017. Pour leurs échanges, les bourses de Shanghai et de Moscou viennent d'introduire le négoce du yuan contre le rouble, prenant leurs distances du dollar. Des gestes masquant l'impatience de Pékin et les craintes des autorités russes face à la montée en puissance de leur voisin. Entre eux, la concurrence pour les ressources énergétiques d'Asie centrale s'exacerbe. Pékin a su le premier briser le monopole de Gazprom sur les ressources du Turkménistan et a déjà construit un gazoduc, diminuant très fortement l'influence de Moscou dans la région. De quoi alimenter pour longtemps encore la vieille méfiance mutuelle entre les deux pays...
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