Les marchés chinois ballotés entre relance et spéculation

Pays émergentsL'action Shanghai Bailian n'avait connu pareil engouement depuis mars 2008. Le titre du premier distributeur chinois s'est envolé lundi à Shanghai de 5,5?%. Emblématique, cette hausse s'est accompagnée de celle de tout le secteur de la consommation domestique qui s'est adjugé plus de 2 %. À quelques jours de la tenue d'une réunion annuelle consacrée à la planification économique, les investisseurs spéculent sur l'annonce de nouvelles mesures en vue d'aider au soutien de la consommation domestique. « La tendance est désormais bonne, mais pour que la relance soit aujourd'hui tirée par la consommation, il faudra sans doute du temps », nuance cependant un investisseur français à Pékin. Il ne faudrait pas oublier qu'au deuxième trimestre, sur les 7,1 % de croissance dégagée par la Chine, la contribution de la consommation n'était que de 0,9 %. « À brève échéance, des incertitudes subsistent », poursuit-il. La prime accordée aux achats de petites cylindrées dans l'automobile va-t-elle être reconduite l'an prochain ? Le niveau de l'inflation va-t-il s'accentuer et par conséquent encourager les achats dans le domaine de l'immobilier ? peur des autoritésSi les investisseurs craignent de voir le plan de relance chinois se tarir trop tôt, ils sont également plus nombreux à pointer les risques que fait encourir son exceptionnelle longévité. « La Chine entre à présent dans une phase qui pourrait la conduire à revivre le scénario de bulle qu'avait connu le Japon sur ses actifs immobiliers et financiers dans les années 1980 », met en garde le responsable de la recherche actions en Chine chez BNP Paribas, Erwin Sanft. Les institutionnels chinois ne sont d'ailleurs pas en reste. Depuis le début du mois, le président de la Banque centrale et les régulateurs bancaires, jusqu'alors sur la touche, font eux aussi à nouveau entendre leurs voix. La Chine émet également plus d'obligations en vue d'absorber la liquidité sur son marché monétaire. « Les autorités ont très peur de l'afflux de ?hot money? », confirme un banquier français sur place. « Elles craignent tout particulièrement que les nouveaux crédits bancaires ne soient détournés de leur objet. » Cette année, sur les prêts alloués, 20?% auraient été investis en Bourse, et 25?% dans l'immobilier. Des chiffres invérifiables bien sûr. Mais qui expliquent en partie la couleur ultraspéculative des Bourses chinoises. Une même société se paie aujourd'hui deux fois plus chère en Chine (les multiples de valorisation atteignent 27 fois sur les places domestiques contre 14 fois à New York). Et ce n'est peut-être pas fini. Selon Lloyd George Management, le marché des actions A ? à présent valorisé à plus de 2.000 milliards d'euros ? pourrait encore s'adjuger près de 20?% à 4.500 points d'ici la fin 2010, puis atteindre 6.000 points fin 2011. De même, dans l'immobilier de luxe, la spéculation bat son plein. Certaines villas autour de Shanghai se sont récemment vendues à plus de 6 millions d'euros. Dans la grande périphérie de Pékin, le mètre carré atteint 2.000 euros.
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