Le gendarme de Wall Street part en guerre contre les délits d'initiés

L'étau se resserre dans la vaste enquête sur les délits d'initiés à Wall Street. La police fédérale (FBI) a mené lundi des perquisitions dans locaux de trois hedge funds (fonds spéculatifs), soupçonnés d'avoir obtenu et tiré profits d'informations privilégiées. Il s'agit de Level Global Investors, de Diamondback Capital et de Loch Capital. D'autres acteurs devraient également être inquiétés. Banquiers d'affaires - le nom de Goldman Sachs est notamment évoqué -, gérants de fonds, consultants, analystes... Personne ne serait épargné par l'important coup de filet qui se prépare dans tout le pays. « C'est l'une de nos priorités, avait prévenu fin octobre Preet Bharar, le procureur général du district de Manhattan. Le délit d'initié sévit toujours et pourrait même être en augmentation. »Dans le collimateur des autorités américaines : le rôle joué par des réseaux d'experts (« expert networks »). Selon une étude menée par Integrity Research Associates, plus d'un tiers des investisseurs institutionnels font appel aux services de ces firmes, dont le rôle est de collecter des informations et de les interpréter. Pour ce faire, elles emploient notamment des salariés et des anciens cadres de sociétés, payés des centaines de dollars de l'heure. C'est sur les données qu'ont pu obtenir ces derniers que se portent les soupçons. Toute la question est désormais de savoir où se situe la frontière entre une recherche légitime d'information et le délit d'initié. Criminalité des cols blancsL'autorité de contrôle des marchés financiers, la Securities & Exchange Commission (SEC), examine plusieurs opérations de fusion et acquisition, essentiellement dans la pharmacie et l'informatique, précédées de mouvements boursiers suspects. Elle cherche à savoir si des investisseurs ont eu connaissance de ces transactions avant tout le monde, anticipé la réaction des marchés et ainsi engrangé plusieurs centaines de millions de dollars. « Les scandales des années 1980 et 1990 ont visiblement été oubliés et de nombreux professionnels semblent avoir besoin d'une piqure de rappel », a réagi sur CNBC Harvey Pitt, ancien président de la SEC. « Si vous avez des informations confidentielles qui peuvent avoir un impact majeur sur le cours d'une action, vous ne devez pas acheter ou vendre ces titres ».« Le département de la Justice met en place sa promesse d'une approche plus musclée envers la criminalité des cols-blancs », estime Eugene O'Donnell, professeur à l'université de New York. Critiquée dans l'affaire Madoff, lors de laquelle elle avait négligé des preuves de fraude, la SEC cherche à reprendre la main. La semaine dernière, elle a ainsi déposé une plainte contre le médecin français Yves Benhamou, soupçonné d'avoir fourni des informations sur les essais cliniques d'un médicament contre l'hépatite des laboratoires Human Genome Sciences.Le gendarme boursier a également annoncé son intention de rendre obligatoire l'enregistrement des conseils et experts travaillant pour les fonds d'investissement et les hedge funds. « Cette enquête est clairement le résultat du scandale Madoff, avance l'avocat Joe Tacopina. Les autorités adoptent maintenant une attitude à l'autre extrémité, ce qui n'est pas nécessairement la meilleure chose à faire. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.