Downing Street s'aligne derrière la City

Sans grande déclaration, ni changement visible, le gouvernement britannique est en train de modifier son approche sur la finance. Après une campagne électorale dure contre les banquiers, et le vote d'un impôt unilatéral sur les banques, il semble se rapprocher des intérêts traditionnels de la City.Un signe clair a été donné lundi quand George Osborne s'est montré très hésitant sur la transparence en ce qui concerne les bonus. Sous le gouvernement travailliste l'an dernier, un rapport de David Walker, ancien président de Morgan Stanley, avait recommandé que chaque banque dévoile les rémunérations de plus de 1 million de livres (1,2 million d'euros). Le nom des banquiers ne devait pas être révélé, mais le nombre de hauts salaires devait être communiqué.George Osborne estime qu'il a besoin de plus de temps avant de prendre une décision. Il souligne en particulier que David Walker lui-même ne semble plus vraiment convaincu de sa proposition, estimant qu'une telle décision devrait d'abord faire l'objet d'un consensus international. « Il est peut-être mieux pour la Grande-Bretagne de promouvoir cette idée internationalement qu'unilatéralement », estime George Osborne.mettre la pression Parallèlement à ces hésitations, le gouvernement britannique veut aussi lancer une offensive sur l'Europe. Mark Hoban, le discret secrétaire d'État à la City, multiplie les discours auprès des financiers du Square Mile, leur demandant de se mobiliser pour mettre la pression à Bruxelles. « Nous pouvons avoir un impact à Bruxelles mais nous avons besoin de votre soutien et de vos idées de réforme », lançait-il la semaine dernière lors d'un dîner rassemblant quelques pontes de la City.Ce mardi, il a réitéré son propos lors d'un discours chez PricewaterhouseCoopers. « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue ce qu'il se passe en Europe, ni la grande quantité de directives qui seront discutées pendant les prochains mois. Sinon, notre position parmi les centres financiers internationaux risque d'être affaiblie. » Il avertit en particulier sur la directive sur les fonds alternatifs. Si celle-ci a été approuvée, après de larges modifications demandées par Londres, les discussions dites de « niveau 2 » (c'est-à-dire les détails de l'application concrète) démarrent. Et Mark Hoban prévient : « L'Europe est comme une série télévisée, avec un scénario complexe, qui est réécrit presque quotidiennement. Si vous ne devenez pas un spectateur régulier, vous risquez de perdre le fil. » Dans le soap opera de Bruxelles, Londres s'apprête à ajouter un personnage de plus : celui du lobbyiste insistant.
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