Dernière ligne droite pour l'augmentation de capital d'Areva

Comme souvent dans le feuilleton Areva, le suspense demeure entier jusqu'au bout. Alors qu'il ne reste que quelques jours, d'ici au début de la semaine prochaine, pour lancer l'augmentation de capital du groupe afin qu'elle puisse être bouclée d'ici à la fin de l'année, comme l'a exigé l'Élysée, la plus grande incertitude prévaut. Sur l'issue des négociations avec les trois investisseurs (les fonds souverains du Qatar et du Koweït, ainsi que l'industriel japonais Mitsubishi), mais surtout sur les raisons de ces difficultés de dernière minute.« On est en négociation. On essaie de tenir le timing prévu », a déclaré mardi le directeur de cabinet de la ministre de l'Économie, Alexandre de Juniac. Quant à ses pronostics sur ses chances de réussite : « On verra. Tant que ce n'est pas signé, je ne sais pas, je ne me prononce pas. » « Après, il faut être deux, si [les investisseurs] ne veulent pas venir, on ne peut pas les forcer », a-t-il ajouté, après deux reports successifs de la date de remise des offres. Étonnants, ces blocages de dernière minute, alors que ces trois mêmes investisseurs étaient déjà candidats mi-2009 lorsque l'État a lancé cette opération.Deux versions s'affrontent pour expliquer les réticences du fonds quatari (QIA), amené à prendre la part principale de cette levée de fonds. Dans l'entourage d'Areva, certains n'hésitent pas à y voir la main cachée d'EDF. Désireux d'assurer son emprise sur la filière nucléaire française en prenant 10 % à 15 % du capital et un siège au conseil - volonté appuyée par l'Élysée -, Henri Proglio, le PDG d'EDF, serait, selon certains, à la manoeuvre pour faire capoter l'opération. La meilleure preuve, selon eux : son ami François Roussely, président de Credit Suisse France, aurait dicté à ses clients qataris des exigences sur les mines d'uranium d'Areva en les poussant à formuler à la dernière minute cette demande, difficilement recevable par l'État français. Préparer le coup d'aprèsAbsolument faux, dément-on du côté d'EDF. De son côté, François Roussely refuse de s'exprimer. Les Qataris affichent depuis le début leur vif intérêt pour l'uranium, explique-t-on, et aux vues des perspectives peu convaincantes présentées par Areva, ils ont fini par demander des garanties. Notamment la conversion de leur participation dans les actifs miniers. Au coeur des discussions, plus classiquement, la valorisation. Les exigences de l'État ont déjà beaucoup baissé. L'opération, prévue autour de 3 milliards d'euros, devrait plutôt rapporter 1,5 milliard.Une certitude dans cette bataille, Henri Proglio a fini par obtenir la relégation de Mitsubishi dans une position symbolique (2 % à 3 %), voire de reporter son entrée dans un second temps. En attendant le verdict, le PDG d'EDF tente d'apaiser les esprits. « L'ambition de ma vie n'est pas de prendre une part d'Areva », déclarait-il lundi au « Wall Street Journal ». Ses équipes préparent cependant le coup d'après, avec un tout autre discours. « Si on nous demande d'entrer au capital d'Areva, on regardera, mais pas à n'importe quelles conditions. » Une position de début de négociation.
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