HCL part à la conquête du continent européen

Dans un tonnerre de musique bollywoodienne, l'homme fend la foule en dansant sous les cris et les applaudissements de son public. La scène se déroule dans une salle d'un hôtel de luxe à Gurgaon, centre d'affaires situé à une vingtaine de kilomètres de Delhi. L'homme qui est accueilli telle une rock star n'est autre que Vineet Nayar, patron de HCL, la quatrième société de services informatiques (SSII) indienne. Et ses jeunes groupies, une partie des 70.000 employés que compte la société. « Nous avons parcouru du chemin. Et cela, c'est grâce à vous », lance-t-il, alors que le chiffre d'affaires de HCL a bondi de 28 %, à 804 millions de dollars (596 millions d'euros) lors du trimestre achevé à la fin septembre. « Au cours des cinq dernières années, HCL a crû plus vite que l'ensemble des SSII indiennes. » Comme chaque année, ce patron indien, qui se targue de mettre ses employés au coeur de son management, met un poing d'honneur à répondre à leurs questions. Ennuis techniques, problèmes organisationnels, tout y passe. Y compris la question des salaires. « J'ai fait beaucoup d'efforts cette année, et pourtant les compensations tardent à venir », se plaint une jeune femme en sari rouge. Réponse du patron-gourou : « Vous devez comprendre qu'il nous faut rester dans la course, assène-t-il. « La Chine d'ici à cinq ans pourrait être un acteur qui compte. » « HCL paie ses salariés 5 % à 10 % de moins que les autres grandes SSII mais en échange, vous avez plus de libertés. »Montée du protectionnismeHCL a beau mettre en avant son « management social », l'entreprise doit composer avec les contraintes d'un secteur emblématique des délocalisations en Inde. L'activité est certes repartie. Avec une croissance attendue à 15 % cette année, selon le Nasscom, le syndicat de la profession. Mais l'inflation salariale, la volatilité de la roupie et la difficulté à recruter pèsent sur le secteur. Au même titre que la montée du protectionnisme. Lors de sa récente visite en Inde, Barak Obama s'est voulu rassurant. Toutefois, les mesures prises pour freiner l'expansion des SSII indiennes aux États-Unis ont marqué les esprits.Pour y remédier, HCL comme d'autres accentuent leur présence en Europe. Même si là encore, la discrétion reste de mise. « Le ton a changé du côté des sociétés françaises », insiste Vineet Nayar, « elles ont pris conscience que, pour réussir, elles se devaient d'être plus globalisées, elles ont besoin de couper leurs coûts tout en faisant appel à plus d'innovations. Mais nous ne sommes pas pressés ». La stratégie consiste à s'appuyer sur des collaborateurs locaux. « Tata Consulting s'est rendu compte qu'avec un ?staff? indien gagner de nouveaux clients pouvait s'avérer difficile », relate Olivier Monange, avocat associé chez DS Avocats. De fait, acquiesce Chris Connors, directeur chez HCL pour la France et le Benelux, « la pilule passe mieux avec un personnel français ». L'entreprise compte 150 employés dans l'Hexagone à 90 % français. « Notre objectif reste de doubler cet effectif chaque année et de travailler avec les 100 à 150 plus grandes entreprises françaises. » « L'Europe représente, pour l'heure, 30 % de l'activité de ce secteur, note Som Mittal, président du Nasscom. Mais c'est un grand marché. Nous nous attendons à ce qu'au cours de la prochaine décennie, un rééquilibrage se produise en faveur de ce continent, mais aussi de l'Asie. »
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