La sape ou le culte de l'apparence

ModeÀ tous ceux qui trouvent que la mode est un sujet futile, la Sape est là pour rappeler qu'on ne porte pas un vêtement les yeux fermés. L'élégance est affaire d'importance, de lien social. Née en 1981 dans les rues de Brazzaville au Congo, la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (Sape) s'est très vite développée à Douala et Kinshasa. Paris, de par ses liens historiques avec l'Afrique, joue une place particulière sur l'échiquier de la Sape. C'est ici que l'on vient se fournir en pièces de mode mais aussi où on affiche son style. La maison des étudiants du Congo près de la place de la République en témoigne. Ses adeptes revendiquent tous l'importance d'être élégant. Et de choisir d'adapter le costume européen à leur goût extravagant. Aucun détail n'échappe à leur attention. Le revers de veste, le n?ud de la cravate, la boucle de la ceinture, la forme de la semelle, le chapeau melon? tous jouent avec les codes vestimentaires pour se dessiner une apparence originale. Les couleurs, les imprimés réveillent un vestiaire que les Occidentaux portent (trop??) sobrement.Parmi les ambassadeurs de ce mouvement, les musiciens congolais Papa Wemba et Koffi Olomidé. Ils s'en sont inspirés pour écrire l'une de leurs plus célèbres chansons, « Proclamation », la référence absolue de la Sape. En guise d'hommage à cet art de l'élégance, le musée Dapper organise le week-end de la Sape. Il ponctue l'exposition « L'art d'être un homme Afrique, Océanie ». L'écrivain Alain Mabanckou viendra ainsi expliquer, samedi, comment et pourquoi cette mode influence l'écriture de ses romans. TransmissionLe mouvement est désormais international. À Brazzaville, comme à Paris, Bruxelles, Londres et New York, la Sape donne lieu à des batailles en « Sapelogie » où les sapeurs s'affrontent en matière d'habillement et constituent des groupes rivaux. À Barbès et Picadilly, les rues et les bars sont les théâtres de ces défis où les élégants paradent. La frime est ici affaire de religion et se transmet avec le plus grand sérieux. Les créateurs de mode qui ont pignon sur rue ne pouvaient rester indifférents devant l'ampleur du phénomène. Ainsi, l'éclectique Paul Smith, très en pointe sur tous les mouvements de mode émergents, a collaboré au livre « Gentlemen of Bakongo », de Daniele Tamagni, qui vient d'être présenté dans le cadre de « Paris Photo » (*). Il s'est aussi inspiré de l'esprit de la Sape pour dessiner sa collection printemps-été 2010. Le mouvement a de très beaux jours devant lui. nExposition jusqu'au 11 juillet 2010 avec des photographies de Baudouin Mouanda et d'Hector Mediavilla.Musée Dapper, 35 bis, rue Paul-Valéry, 75016 Paris. Tél.?: +01.45.00.91.75. www.dapper.com.frOuvert tous les jours de 11 heures à 19 heures, fermé le mardi. Entrée 6 euros. Samedi à 15 heures, l'écrivain Alain Mabanckou est l'invité du musée Dapper. Entrée libre. Réservation conseillée au 01.45.00.91.75.(*) En vente dans les boutiques Paul Smith et chez Colette.
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