Le débat sur l'identité nationale met la pagaille dans la majorité

Il ne se passe plus une semaine sans qu'une polémique n'éclate dans les rangs de la majorité à propos du débat sur l'identité nationale. Un incident à l'Assemblée nationale a ainsi provoqué mercredi de gros remous au sein de la droite. À l'origine, un débat interne au groupe UMP sur le port du voile intégral, mardi matin, au cours duquel l'ancien garde des Sceaux Pascal Clément aurait déclaré : « Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ce ne sera plus la France. » Colère et indignation de la secrétaire d'État aux Aînés, Nora Berra, qui quitte la salle séance tenante. Le député a beau dire ensuite qu'il n'a jamais prononcé cette phrase, assurant que la ministre l'a « inventée » pour « se faire remarquer ». Nora Berra persiste et signe mercredi en expliquant avoir voulu « donner un signal fort ».Et ce n'est pas tout. À l'issue de cette même réunion du groupe UMP, Jean-François Copé a annoncé le dépôt en janvier d'une proposition de loi visant à interdire le port de la burqa. Et ce, alors que la mission parlementaire chargée de travailler sur le sujet n'a pas encore rendu ses conclusions. L'initiative est saluée par un rappel à l'ordre immédiat du président UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer?Alors que le Parlement a interrompu ses travaux mercredi pour les fêtes de fin d'année, le malaise est palpable au sein de la majorité. Certains membres du gouvernement prennent clairement leur distance vis-à-vis du débat sur l'identité nationale, comme la secrétaire d'État chargée de la prospective, Nathalie Kosciusko-Morizet, et le haut-commissaire aux Solidarités, Martin Hirsch. Lundi, l'ancien Premier ministre Alain Juppé avait estimé que ce débat présentait « le risque » de monter les communautés les unes contre les autres.Faire sonner les cloches Face à ces cafouillages en série, l'Élysée persiste, tout en essayant de faire prendre une autre tournure au débat. Henri Guaino justifie cette stratégie, dans un entretien publié mercredi dans « Le Figaro », expliquant qu'« il y a un plus grand risque à ne pas discuter des problèmes qu'à accepter d'en débattre ». Mais il appelle aussi à « élever, élargir » la discussion. Aux yeux du conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, l'immigration, la religion font « partie » du débat, mais ne sont pas « tout le débat ». L'invitation à « la discrétion » adressée aux communautés religieuses par Nicolas Sarkozy, dans sa tribune au « Monde » du 10 décembre ? Henri Guaino assure que ce « principe de respect vis-à-vis de ceux qui n'ont pas les mêmes croyances » s'applique « bien sûr » aussi aux catholiques. Tout en estimant que faire sonner les cloches des églises est affaire de « civilisation, de société, de tradition », et non « un problème religieux ». Quant à l'initiative de Jean-François Copé sur la burqa, Henri Guaino invite à attendre les conclusions de la mission parlementaire. Les adversaires politiques de l'UMP profitent bien évidemment de la situation. Mercredi, François Bayrou a estimé qu'il était du rôle de Nicolas Sarkozy d'« élever le débat et de rassembler le pays ». « Je voudrais bien que l'on relève le débat, parce qu'il y a là un gisement de voix qui ne demandent qu'à se mobiliser pourvu qu'on les excite », a lancé sur Europe 1 le président du Modem. Selon lui, ce débat est « en réalité une diversion parce que tant qu'on parle de ça, on ne parle pas du reste ». Et François Bayrou de citer « les mille chômeurs de plus » que compte la France chaque jour.
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