Imagine Eyes utilise une technologie d'astronomie pour explorer la rétine

Les maladies rétiniennes, comme la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DLMA), touchent des millions de personnes dans le monde. Cette maladie est la première cause de handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans. Elle est due à la disparition progressive des cellules nerveuses de la rétine. La technique d'imagerie la plus aboutie pour déceler cette dégénérescence du fond de l'oeil est la tomographie optique cohérente (OCT) qui permet d'afficher la rétine en coupe pour visualiser les différentes strates de cellules. Imagine Eyes, une jeune entreprise française, a élaboré une technologie alternative qui dresse une cartographie plus précise des photorécepteurs de la rétine. « Notre système réalise des images à l'échelle de la cellule, donc d'une précision inégalée », explique Nicolas Château, fondateur de cette société de 14 personnes créée en 2003 à Orsay au coeur du cluster Optics Valley. « Lorsque notre technique sera validée par des essais cliniques, cela permettra d'établir un diagnostic précoce des maladies de la rétine mais aussi de suivre plus précisément l'effet des médicaments employés pour les maladies des yeux », poursuit-ilPour atteindre une précision de 2 à 5 microns (contre 15 à 20 pour l'OCT), les chercheurs ont repris le principe de l'optique adaptative, utilisée en astronomie pour améliorer l'image des télescopes terrestres victime des turbulences de l'atmosphère. En effet, l'imagerie médicale du fond de l'oeil rencontre le même genre de perturbation notamment à travers la cornée. « Nous avons racheté la licence de cette technologie de miroir déformable au CNRS et à l'Université Joseph Fourier de Grenoble pour ensuite l'adapter à un appareil qui doit tenir sur une table », détaille Nicolas Château. Une caméra rétinienneAu terme de quatre ans de R&D, les ingénieurs d'Imagine Eyes ont conçu une caméra rétinienne qui comprend un miroir déformable, un capteur opto-électronique et un logiciel de traitement des données. L'examen est non invasif et ne requiert aucun contact avec l'oeil. Le patient se place derrière un appareil comme chez l'ophtalmologiste et l'image est obtenue sur un écran. Deux appareils prototypes ont été testés sur près de 300 patients à l'hôpital des Quinze-Vingt à Paris et à l'Hôpital Intercommunal de Créteil avec des premiers résultats satisfaisants. L'entreprise a déjà vendu six exemplaires de la caméra rétinienne (au prix unitaire de 100.000 euros) à des centres de recherche en Europe, au Japon et aux États-Unis qui vont approfondir ces tests. Ce qui lui a permis de finir l'année 2010 sur un chiffre d'affaires de 1,2 million d'euros. Imagine Eyes va lancer des procédures d'homologation en vue d'une commercialisation en Europe et aux Etats-Unis. Les ophtalmologistes américains seront particulièrement attentifs aux résultats des nouveaux essais cliniques : il est vrai qu'outre-Atlantique le coût global des maladies rétiniennes se monte à 4 milliards de dollars par an...
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