La Chine est devenue le nouvel eldorado du capital-investissement

L'année dernière, la Chine est devenue l'un des premier pays destinataires pour le capital investissement et a concentré deux tiers des levées de fonds en Asie. L'offre en direction de la Chine ne manque pas et ne devrait pas tarir : les investissements dans le secteur ne représente encore que 0,3 % du produit intérieur brut (PIB)du pays contre 1,5 % aux États-Unis. L'industrie attire tous les grands investisseurs occidentaux à la recherche de nouveaux relais de croissance. Et, en Chine, la demande est au rendez-vous : des milliers de PME ont un énorme besoin de liquidité et sont souvent exclues du système bancaire fortement incité à prêter aux grands groupes d'État. Mais la vraie nouveauté en 2010 fut l'explosion d'une industrie locale. Au total, 27,6 milliards de yuan (4,1 milliards de dollars) ont été levés en 2010, soit plus que le double qu'en 2009. De 30 fonds enregistrés en 2009, la Chine en compte aujourd'hui 82. La tendance devrait se renforcer dans la décennie à venir avec l'arrivée d'investisseurs chinois - fonds de pensions, compagnies d'assurances - qui ont progressivement accès à un marché qui leur était fermé il y a encore deux ans. En 2007, 90 % des fonds levés l'étaient en dollars offshore. En 2010, ce pourcentage est tombé à 50 %. L'exemple de Legend Capital, l'un des tous premiers gérants de fonds chinois, est emblématique. La société en est à sa quatrième levée de fonds. En 2001, elle a levé 35 millions de dollars. En 2010, ce chiffre a été multiplié par 10. Et pour la première fois l'année dernière, elle a crée parallèlement un fonds en Renminbi. « Sur le court terme les investisseurs étrangers continueront à dominer, mais la relation va s'équilibrer avec l'arrivée sur le marché des acteurs chinois », explique Erhai Lu, un des dirigeants du fonds. C'est bien ce qui inquiète les acteurs étrangers frappés de plein fouet par la concurrence locale et qui, pour rester compétitifs, se penchent aussi sur la création de fonds en Renminbi. « Les fonds étrangers ont connu leur heure de gloire jusqu'en 2007-2008, mais sont depuis fortement concurrencés », explique André Loesekrug-Pietri, PDG de A Capital, le premier fonds spécialisé dans les investissements croisés entre l'Europe et la Chine. « Il y a les autorisations administratives de deux à six mois pour l'approbation d'un investissement. De plus, ils sont souvent moins proches des réseaux d'entrepreneurs et gouvernementaux locaux, élément clé de succès dans un marché gorgé de liquidités ». Malgré une législation qui permet la création de fonds étrangers en Renminbi, peu d'acteurs hormis les grands noms - Carlyle, Blackstone, TPG - s'y sont aventurés. Car législation reste encore floue sur beaucoup de questions. La ville de Shanghai a bien annoncé en décembre la création d'un programme (Qualified foreign limited partner) permettant aux sociétés de gestion étrangères de convertir leurs fonds et d'investir directement en yuan. « Mais, là encore, beaucoup d'incertitudes subsistent : quels seront les quotas alloués et ces QFLP seront-ils traités comme des acteurs 100 % locaux ? » s'interroge André Loesekrug-Pietri.
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