L'impartialité de Google remise en question

cite>Google alimente depuis longtemps les fantasmes et les soupçons. Le moteur de recherche, dont la part de marché atteint jusqu'à 90 % en Europe, est-il impartial à l'égard des sites Internet ? Les résultats du moteur de recherche sont-ils traités sans discrimination ? Certains pensent le contraire. Personne n'a percé le secret de l'algorithme de Google qui fait sa puissance. Mais certains s'étonnent par exemple de l'apparition toujours en bonne place de son partenaire, l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Chez Dailymotion, le site français de partage de vidéos, on accuse Google de privilégier sa filiale Youtube à son détriment. Mais personne n'a prouvé que cette boîte noire était truquée.Cette fois, la Commission européenne se penche officiellement sur le coeur du réacteur du géant américain de l'Internet. Trois sociétés, le moteur de comparaison de prix allemand Ciao.fr (racheté par Microsoft), son concurrent anglais, Foundem.co.uk, et le moteur de recherche français d'informations juridiques Ejustice.fr ont déposé plainte à Bruxelles. Foundem et Ejustice accusent Google de mal les classer pour la bonne raison qu'ils sont eux-mêmes un moteur de recherche et donc potentiellement concurrents. « Nous avons lancé en 2006 Ejustice. Un an plus tard, Google a déréférencé le site pour la première fois [le site n'apparaissait plus dans les résultats des recherches, Ndlr]. Nous avons alors intégré leur moteur et sommes passés par leur plate-forme publicitaire AdSense. Mais nous avons été déréférencés deux autres fois », indique l'éditeur du site, le magistrat Dominique Barella.« En trois jours, notre site est passé de 10.000 à 15.000 visites par jour à 700, et nous sommes restés à ce niveau. » Depuis, Ejustice n'a quasiment plus de revenus publicitaires. Le magistrat, qui assure n'avoir jamais rencontré ni Ciao ni Foundem, a déposé en janvier une plainte pour abus de position dominante contre Google. Cet ancien procureur de la République explique aussi avoir rencontré les équipes de Google à Paris. Ces dernières lui auraient affirmé - uniquement à l'oral, évidemment - qu'il était dans la politique du géant du Net de déréférencé les concurrents...De son côté, Ciao a déposé une plainte - d'abord en Allemagne, mais qui est depuis remontée à Bruxelles - contre AdSense. Avec cet outil, Google propose aux éditeurs d'intégrer sur leurs sites des liens publicitaires qui correspondent le mieux aux contenus et de partager les revenus publicitaires qui en découlent. Là non plus, Ciao n'est pas isolé. Et beaucoup d'éditeurs se plaignent de l'opacité des conditions et des reversements effectués par Google.le géant du net se justifieLa Commission européenne n'a pas encore formellement ouvert d'enquête. Elle examine les plaintes. Pour désamorcer la polémique, Google a pris l'initiative de dévoiler sur son blog avoir été informé par la Commission européenne de ces plaintes. Le géant du Net se justifie. « Google ayant grandi, nous ne sommes pas surpris des questions qui se posent sur notre rôle dans l'écosystème. [...] Nous sommes sûrs de conduire notre activité dans l'intérêt des utilisateurs et des partenaires, en conformité avec les règles européennes. [...] Nos algorithmes proposent d'abord les sites les plus utiles pour les utilisateurs, et nous n'avons rien contre les sites verticaux [comme Ciao] », explique l'avocate de Google, Julia Holz. Et de rappeler que Foundem est membre de l'organisation de l'Icomp, un groupe de lobbying réunissant annonceurs et éditeurs financé par Microsoft.Jusque-là, Bruxelles ne s'était pas attaqué de front à Google, autrement que pour examiner des opérations de rachat (comme Doubleclick) ou pour des problèmes de protection de la vie privée des internautes.
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