Crédit conso : soupe à la grimace

Enrayer la spirale du surendettement ! Politiquement, le projet fait consensus. Economiquement, ses conséquences sont lourdes et tombent au plus mauvais moment. Le projet de loi réformant le crédit à la consommation, examiné depuis mercredi par les députés, a des ambitions légitimes. En France, 750.000 personnes ne peuvent plus rembourser les prêts qu'elles ont souscrits. Et le nombre de nouveaux dossiers, loin de décroître, augmente chaque année : il y en avait 70.000 par an pendant les années 1990, 200.000 l'an dernier. La première raison est sociale : envol du chômage, multiplication des divorces et des familles mono-parentales. La seconde tient aux dérives d'une forme de crédit, identifiée, le crédit revolving (renouvelable), que l'on trouve dans près de 90 % des cas de surendettement. Limiter les dégâts passe nécessairement par sa remise à plat. Ces crédits, dont on ne remboursait que les intérêts, devront à l'avenir être soldés dans un délai de trois à cinq ans. Pour les établissements spécialisés, qui avaient fait du « revolving » le moteur de leur croissance et de leur profitabilité (les taux d'intérêt atteignaient souvent les 20 %), le coup est rude. Il leur faut changer de modèle dans un marché très déprimé. Leur activité a chuté de plus de 13 % l'an dernier : la proportion des ménages titulaires d'un crédit à la consommation est revenue en 2009, à ce qu'elle était en 1997. Et, même partielle, la substitution du crédit amortissable au « revolving » sera inévitablement douloureuse pour la rentabilité des établissements. Au point qu'on prévoit déjà la disparition des plus petites maisons et que les manoeuvres ont commencé dans les plus grandes. Le rapprochement de Sofinco et de Finaref, deux filiales du Crédit Agricolegricole, en est une illustration. Toutefois, les professionnels auraient tort de se plaindre. Le projet de loi Lagarde leur pendait au nez. Pas plus que leurs clients, ils n'ont été capables de s'autodiscipliner. [email protected] gay
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.