La bataille du livre numérique commence enfin en France

Le numérique a bouleversé notre économie : photographie, musique, cinéma, presse… Toute notre économie ? Non ! Il est un secteur qui résiste encore, en France, contre le rouleau compresseur. Le bon vieux bouquin ! Il prend la poussière, retient l’humidité, encombre les sacs à mains ou les bagages lors des départs en week-end... Mais il résiste. En 2012, le chiffre d’affaire du livre en France s’est élevé à 4,3 milliards d’euros, d’après le cabinet d’études GfK. Un chiffre stable par rapport à 2011. Tandis que de son côté, le livre numérique n’a représenté que 22 millions d’euros de recettes, soit… 0,6% du marché national.Un marché prêt à décollerLe livre papier doit cette victoire en partie à un réseau de libraires important, plutôt bien répartis sur le territoire. Un relais plutôt bien organisé auprès de la population avec ses 3.500 librairies, et 600 grandes surfaces du livre. Mais les libraires ne seraient rien sans les éditeurs. Or, ceux-ci qui n’avaient pas réellement pris le virage, semblent avoir définitivement adopté une stratégie numérique. Du coup, l’offre de livres numériques s’est étoffée. Il n’y a guère que le prix de ces derniers, relativement élevé malgré l’économie engendrée par la disparition des frais d’impression, qui permet de préserver le livre papier. Pour les éditeurs, ce marché est encore trop étroit pour amortir les investissements dans le numérique.Les professionnels s’attendent à un réveil du marché du livre numérique en France. Le frein matériel s’estompe de plus en plus. Les Français sont, en effet, de plus en plus équipés en “liseuses“ et tablettes numériques. D’après l’institut GfK, plus de 500.000 liseuses doivent être vendues en France cette année et au moins 5 millions de tablettes. Sur le potentiel de croissance, le syndicat national des éditeurs s’appuie sur l’exemple américain où le livre numérique pèse déjà 15% du marché du livre, pour anticiper une forte marge de progression du marché français.Un marché du livre sans libraires?Les fondations d’une révolution numérique sont donc là. Mais, la France a accumulé un certain retard, ce qui inquiète certains professionnels, notamment les libraires qui craignent d’être exclus du nouveau marché du livre. Alexandre Bompard, PDG de la Fnac, met les éditeurs en garde contre le risque d’hégémonie d’Amazon dans ce domaine. D’après lui, les éditeurs français pourraient se retrouver à la merci du e-commerçant américain. Mais la Fnac vend des livres numériques via sa liseuse Kobo, contrairement aux petits libraires de quartiers qui, eux, risquent de mettre la clé sous la porte. Entre 2003 et 2010, ils ont déjà perdu 5,3% de chiffre d’affaires sous la seule pression des libraires en lignes, c’est-à-dire sur la vente de livres par correspondance. Ces derniers se sont accaparé plus de 11% du marché des livres papiers.Pour Alexandre Bompard, Amazon veut évoluer vers un modèle de pure player et se délester de la vente de livres papiers, tandis que les libraires ont des problématiques de stocks. “ Avec les éditeurs, il faut inventer des partenariats, un partage du financement des stocks, une collaboration sur la mise en avant de leur fond de catalogue dans nos magasins. Mais certains éditeurs restent fermés à la discussion, considérant que leur rôle est uniquement d’éditer des livres, le nôtre, de les vendre“, explique le patron de la Fnac dans une interview à Paris-match. Et d’accuser Amazon de ne pas payer d’impôts en France.Le gouvernement va aider les librairesUn collectif de libraires a d\'ailleurs organisé une manifestation à l\'occasion de l\'ouverture du salon du livre à la Porte de Versailles avec un slogan: \"le lien social plutôt que l\'évasion fiscale\" en désignant le site Amazon. La ministre de la culture doit se rendre lundi pour la clôture du salon afin d\'y présenter des mesures de soutien aux libraires. Aurélie Filipetti devrait annoncer la nomination d\'un médiateur, et la création d\'un fonds de soutien. Il s\'agirait du premier volet d\'un \"plan plus ambitieux\", explique le ministère.En réalité, les éditeurs comme les libraires sont menacés par un mal plus important encore que la révolution numérique : la baisse du lectorat. D’après un sondage 20 minutes-BVA publié jeudi, 55% des Français préfèrent regarder la télé plutôt que lire. Cette proportion atteint 63% des hommes. Plus inquiétant, elle culmine à 68% des 18-34 ans.
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