Ces milliards que le gouvernement ignore...

Alors que le gouvernement cherche désespérément les milliards qui lui permettront de boucler son projet de loi de finances 2013 et son projet de loi de financement de la Sécurité sociale, Michèle Rivasi, la députée européenne Europe Ecologie Les Verts (EELV) apporte une solution : mettre fin à la surmédicalisation qui règne en France. Selon ses calculs, si cet objectif était atteint, ce serait « au bas mot » 10 milliards d'euros de ressources financières supplémentaires sur lesquelles le gouvernement pourrait compter. Un montant qui pourrait même dépasser 15 milliards selon les estimations de Philippe Even et Bernard Debré, auteurs du "Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux" récemment publié.Pour atteindre cet objectif ambitieux, plusieurs options seraient à la disposition du gouvernement en particulier de Marisol Touraine, la ministre de la santé, et immédiatement applicables. Ou presque. « Il faut que les patients et les praticiens aient conscience que le médicament n'est pas la solution à tous les problèmes de santé. Nos voisins consomment moins de molécules et ils sont en aussi bonne santé que nous », constate la députée.Les médecins bataves sont économes en ordonnances« Aux Pays-Bas, en 2010, sur dix consultations, il y a quatre ordonnances. En France, ce nombre grimpe à 9,7 sur dix ordonnances », note Serge Rader, un pharmacien militant pro-générique. Autre exemple, un Français « consomme » 40 boites de médicaments par an quand l'Italien ne s'en voit prescrire que 18 et le Belge 10. Cette prise de conscience serait d'autant plus utile que le service médical rendu (SMR) par un certain nombre de médicaments n'est pas certain. Selon le rapport 2011 de la Haute autorité de santé [HAS] publié en juillet 2012, 232 nouveaux médicaments n'apportant aucune amélioration thérapeutique réelle sont remboursés par l'assurance-maladie qui, pour mémoire, devrait accuser selon les prévisions du gouvernement un déficit de 6,8 milliards d'euros cette année.Les prix divergent fortement selon les paysParallèlement à ces efforts de pédagogie, Michèle Ravasi plaide pour une refonte totale du système de fixation des prix des médicaments. « Comment se fait-il que les molécules vendues en France, notamment celles qui sont les plus prescrites aient un prix deux ou trois plus élevé que dans les pays voisins ? », s'interroge-t-elle. Ainsi, le Plavix, un antiagrégant plaquettaire est commercialisé au tarif de 37,11 euros, contre 18,35 euros en Italie et 16 euros au Royaume-Uni. « Le Comité économique des produits de santé est tenu par les laboratoires pharmaceutiques. Ce sont eux qui dictent leurs politiques de prix pour maintenir leurs niveaux de marge et le gouvernement ne fait rien car il redoute le chantage à l'emploi que les industries se permettent de faire. Il a tort car cette passivité n'empêche pas les destructions de postes dans la recherche et développement pharmaceutique », s'insurge la députée. Sanofi a annoncé en début d'été la fermeture de son centre de recherche de Toulouse employant plus de 600 salariés. Entre 2009 et 2011, près de 4.000 postes ont déjà été supprimés en R&D chez Sanofi dont 1.300 en France. En 2004, le centre de recherche de Romainville avait déjà fermé ses portes. Il employait 1.200 salariés.Les génériques peinent encore à convaincreMichèle Ravasi réclame également de l'exécutif la mise en place d'une véritable politique de développement des médicaments génériques. En France, 15% seulement des médicaments sont des génériques, contre 60% en Allemagne et 80 au Royaume-Uni Si l'on reprend l'exemple du Plavix, le prix de son générique s'élève 16 euros en Italie et à 2,26 euros au Royaume-Uni !A eux trois, le Tahor, un médicament contre le cholestérol, l'Inexium, un médicament anti-ulcéreux et le Plavix qui sont les molécules les plus vendues en France ont « coûté » 1,2 milliard à l'assurance-maladie en 2010 alors que leurs génériques peinent à être prescrits. « Actuellement, on pourrait économiser 50% des remboursements sur le Plavix », estime Serge Rader. « Comme aux Pays-Bas, il faut que l'Etat fasse des appels d'offre pour que les laboratoires de génériques se fassent réellement concurrence sur les prix. Actuellement, ceux-ci sont fixés par la loi, c'est aberrant », explique Michèle Ravasi.Le coût de la recherche et développement en question« Il existe une prime à la nouveauté qui peut se traduire par des augmentations de prix de 400%. C'est exaspérant car le SMR est quasi nul, voire inexistant mais les laboratoires pharmaceutiques nous expliquent que cette hausse des tarifs s'expliquerait par le coût exorbitant de la R&D pour la mise au point d'un traitement. Celui-ci s'élèverait au milliard de dollars. Pourtant, on ne peut saluer aucune découverte majeure depuis vingt ans. Quant à ce montant, il est largement exagéré. Selon les calculs d'auteurs indépendants, il ne dépasserait pas la quarantaine de millions de dollars, le reste servant à financer le marketing et le lobbying », explique Elena Pasca, rédactrice du blog Pharmacritique et membre de l'association Sciences citoyennes. 
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