Comment Moscou fait décoller au forceps le nouvel avion russe, le SuperJet

Les destinations internationales rentables seront-elles réservées aux compagnies russes patriote... Possible. Ces routes, et plus particulièrement vers l’Europe très convoitées par les compagnies aériennes russes, sont attribuées au compte-goutte par le ministère des Transports russe. C\'est comme cela que Moscou a jusqu’au début de l’année 2012 protégé le monopole d’Aeroflot, dont l’Etat détient la majorité du capital. L’autre priorité de l’Etat étant de favoriser autant que possible la renaissance de l’industrie aéronautique domestique, la tentation est grande pour le gouvernement – malgré son adhésion récente à l’OMC – d’introduire des mesures nationalistes afin que les compagnies russes achètent des appareils produits et conçus localement.Une idée d\'AeroflotC’est ainsi qu’est né l’idée de sélectionner les compagnies sur un critère simple pour se voir attribuer des slots à l\'international : la possession d’un \"avion russe moderne\". Or, seul le dernier né des usines Sukhoi, le SuperJet 100, qui vole avec des moteurs de Safran, correspond à cette définition. Les Tupolev, Iliouchine et Yak ont tous été conçus au moins en partie à l’époque soviétique. Une seule compagnie aérienne russe exploite l’avion régional Superjet 100 : Aeroflot. \"C’est justement Aeroflot qui a eu l’idée d’introduire ce critère de sélection\", explique Boris Rybak, un spécialiste du transport aérien qui participe au groupe de réflexion sur l’attribution des lignes par le ministère des Transports. L’expert note que la décision n’a pas encore été prise et s’y déclare lui-même opposé : \"ce n’est pas cohérent dans la mesure où l’industrie aéronautique n’a pas la capacité de production nécessaire pour faire face à la demande des compagnies aériennes. On aboutirait à une situation de monopole\". Ni Aeroflot, ni le ministère des Transport russe n’ont commenté l’information.Transaero autorisé à ouvrir une ligne Moscou-Paris... après avoir commandé des SuperJetSarcastique, le quotidien \"Izvestia\" titrait mardi \"Les Russes seront obligés de voler avec le Superjet\". De fait, la seconde compagnie aérienne russe, Transaero, a aussi commandé cette année des SuperJet, et prendra livraison de 16 exemplaires à partir de 2015. A peu près simultanément à la commande, Transaero a été autorisé à ouvrir une liaison Moscou-Paris (en code sharing avec Aigle Azur) ainsi que vers plusieurs villes italiennes. \"On observe des progrès mais le système d’attribution reste discriminatoire, surtout envers les compagnies régionales qui veulent devenir internationales\", explique Boris Rybak.Le SuperJet, un avion pas asez russe ?L’avion SupeJjet 100 provoque bien des turbulences dans l’aéronautique russe. Certains ne le trouvent pas assez \"russe\" (Thales, Safran, Finmeccanica et Boeing ont joué un grand rôle de sa conception), d’autres le jugent peu sûr (un exemplaire s’est écrasé en mai dernier en Indonésie, faisant 45 morts). Ses défenseurs assurent que ses défauts de jeunesses sont déjà corrigés et que la tragédie a été causée par des erreurs humaines (les résultats de l’enquête sur le crash doivent être publiés dans les prochains jours). Sukhoi a pour l’instant reçu 246 commandes fermes pour l’appareil.
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