La Hongrie remet en cause le système privé

Viktor Orban, le Premier ministre hongrois conservateur, de retour au pouvoir depuis le printemps dernier, a décidé de revenir sur la réforme du système de retraite, la plus significative de son premier mandat entre 1998 et 2002. Dès le mois prochain, l'État arrêtera de transférer à des fonds de pension privés les cotisations des 4 millions d'actifs. Le gouvernement va même encourager le million de Hongrois qui avaient déjà choisi de cotiser, en plus, à d'autres fonds de pension, moyennant des déductions fiscales, de ramener leur argent dans le système d'État. C'est le vieillissement de la population (3 millions de retraités) qui avait incité le premier gouvernement Orban à augmenter progressivement l'âge du départ à la retraite (actuellement 62 ans pour tout le monde) et à faire reposer le financement des pensions sur trois « piliers » : un système par répartition qui verse 75 % des retraites, des cotisations obligatoires à des fonds privés et la possibilité offerte de placer de l'argent dans d'autres fonds privés. Les socialistes au pouvoir entre 2002 et 2010 n'avaient pas remis en cause la réforme. Mais celle-ci a eu pour conséquence d'étrangler le système par répartition : sur les 9,5 % de cotisations retraite versées par les salariés, 8 % partaient vers les fonds privés, laissant à l'État le soin de combler le déficit du « premier pilier ». Ce déficit représente aujourd'hui 1 % du PIB. Viktor Orban avait demandé, sans succès, à la Commission européenne de soustraire ce coût du calcul du déficit budgétaire d'une Hongrie sommée de se serrer la ceinture pour préparer l'adoption de l'euro. La Commission ne voit dans le revirement hongrois qu'une solution provisoire « qui, à terme, devrait aggraver les problèmes de financement des retraites ». Quant aux fonds de pension, ils crient à la « nationalisation rampante ».Christine Dupré, à Prague
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