Pigeons, canaris et albatros : non à l'économie de volière !

En effet, la France a besoin de ses pigeons - petits oiseaux appelés à devenir grands - et ne doit ni stopper leur croissance, ni empêcher leur multiplication. Mais elle aurait également grand intérêt à soigner également ses albatros - oiseaux de grande taille dont on a parfois l\'impression en France que « leurs ailes de géants les empêchent de marche », pour reprendre le poème de Baudelaire. Parmi les mesures « anti-albatros », citons la menace, en 2013, d\'une augmentation ciblée de l\'impôt sur les grandes entreprises, les projets, heureusement évités, de plafonner ou réduire leur crédit d\'impôt recherche ou, plus généralement, toutes les mesures ou déclarations laissant penser qu\'il serait juste ou efficace d\'appliquer aux grandes entreprises une imposition ou des réglementations plus dures qu\'aux autres entreprises.Les mesures « anti-albatros »ne relèvent pas d\'une analyse économique - il n\'y a aucun fondement économique à l\'idée de sanctionner les entreprises qui ont réussi à être grandes, et l\'idée selon laquelle les entreprises devenues grandes créent moins d\'emploi est démentie régulièrement. Du reste, cette idée est également porteuse de risques à moyen terme : si les entreprises moyennes comprennent qu\'elles seront sanctionnées une fois devenues grandes, elles ne créeront pas les emplois qui leur permettront de le devenir, ou elles iront les créer ailleurs. Que penser d\'un jardinier qui passerait ses journées à tirer sur la tige des arbrisseaux pour tenter de les faire grandir, arrêterait d\'arroser les arbres et arracherait leurs branches au risque de freiner leur développement ? Il aurait bien plus de succès en veillant à ce que le sol soit fertile, correctement irrigué et que tous les arbres, petits et grands, puissent s\'y développer au mieux afin d\'en récolter une partie des fruits !Confronté aux revendications des « canaris », clones nantais des pigeons, le Premier Ministre a justement déclaré qu\'il n\'allait pas traiter avec toutes les espèces d\'oiseaux. Pour cela, la meilleure solution consisterait à appliquer quelques règles justes, simples et lisibles : aucun taux marginal confiscatoire, des taux et des modalités compétitifs par rapport aux systèmes étrangers, une taxation neutre en fonction de la taille et d\'une progressivité raisonnable en fonction de la richesse, l\'absence d\'effet de seuils (et donc de mesure limitées à une taille d\'entreprise), et des incitations orientées non pas sur une catégorie de volatiles, mais sur un objectif d\'intérêt général (par exemple, un crédit d\'impôt recherche uniquement basé sur le volume de recherche et son impact pour la collectivité).Dans le cas contraire, le gouvernement créera à la fois des injustices flagrantes, et du grain à moudre pour les groupes d\'intérêt de tous poils - ou plutôt de toutes plumes. Et comme le savent tous les promeneurs, rien n\'attire plus les nuées d\'oiseaux que les passants qui se promènent avec du pain à la main..._____Victor Chalmin, Economiste et Membre de l\'Observatoire du Long Terme
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