La réunion du G20 éloigne le risque de guerre des changes

Nous sommes arrivés à Gyeongju avec beaucoup d'appréhension, et nous en repartons avec beaucoup d'espoir », concluait Christine Lagarde à l'issue du sommet G20 Finance, qui se tenait vendredi et samedi en Corée du Sud. La rencontre des grands argentiers des 20 principales puissances industrielles de la planète avait débuté dans des conditions difficiles.Dans le contexte de « guerre des monnaies », il paraissait en effet peu probable que les participants, aux intérêts très divergents, trouveraient un terrain d'entente. Le président sud-coréen Lee Myung-bak, désireux de voir le sommet déboucher sur un succès, se permettait même de plaisanter lors de son discours d'inauguration, menaçant de clouer au sol bus, avions et trains tant qu'aucun accord ne serait trouvé.En fait, l'épineuse question du conflit des taux de change et des dévaluations compétitives a glissé vers la problématique plus vaste des déséquilibres des balances commerciales. Dans une lettre adressée en préambule vendredi à l'ensemble des participants, Timothy Geithner, le secrétaire du Trésor américain, proposait à chaque pays de limiter ses excédents - ou ses déficits - commerciaux dans la limite de 4 % du PIB.Si la proposition avait peu de chance d'être acceptée par les puissances exportatrices, en particulier la Chine et l'Allemagne, elle a permis de faire avancer les négociations, qui se sont prolongées jusqu'à 5 heures et demi du matin. Au final, les 20 pays se déclarent d'accord pour « s'abstenir de toute dévaluation compétitive » de leur monnaie et pour « réduire les déséquilibres excessifs », indique le communiqué, sans préciser d'objectif chiffré. Depuis les menaces des États-Unis et de l'Union européenne à l'égard de la Chine accusée de manipuler sa monnaie pour favoriser ses exportations, c'était la première fois que la « guerre des changes » faisait l'objet d'un communiqué commun des 20 premières puissances économiques. Signe qu'aucun pays n'a envie de tomber dans la spirale infernale de dévaluations compétitives auxquelles répondent des mesures protectionnistes. Pour faire avancer le dossier avant le sommet des chefs d'État à Séoul les 11 et 12 novembre, Timothy Geithner faisait d'ailleurs escale dimanche sur l'aéoport chinois de Gingdao pour prolonger les discussions avec le vice Premier ministre chinois Wang Qishan. Recommandations adaptéesConcrètement, le Fonds Monétaire International (FMI) se verra confié la tâche d'évaluer pour chaque pays les conséquences que peut avoir sur les autres sa politique économique et monétaire. L'analyse de ces conséquences - « spillover effects » en anglais - permettra ensuite de fournir des recommandations adaptées à chacun. La question des taux de change y est donc incluse. Pour autant, ces recommandations n'ayant aucun caractère contraignant, il est difficile par exemple d'imaginer que la Chine accepterait de revoir sa politique monétaire sur un simple avis du FMI. D'où l'importance capitale de l'accord sur la gouvernance sur le FMI obtenu à ce sommet (voir ci-dessous) qui réinstaure sa légitimité.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.