La livre, monnaie la plus attaquée du monde

Dans la confrontation qui oppose les États-Unis et les pays occidentaux, la Chine et les pays émergents, une monnaie échappe à la fronde généralisée et pourtant, elle n'est pas sans taches. C'est la livre sterling, la plus grande monnaie européenne qui ne soit pas intégrée à l'euro. Un plan d'austérité gouvernemental d'une ampleur sans précédent, qui relègue la Dame de fer, Margaret Thatcher, au rang de dinosaure herbivore face au carnassier David Cameron, a eu raison de la monnaie de Sa Majesté. Le sterling était déjà lourdement affecté par le projet de deuxième vague d'assouplissement quantitatif de la Banque d'Angleterre, tentée par un nouveau programme de rachat d'emprunts d'Etat, après les 200 milliards de livres déjà acquis à fin janvier. La perspective de la remise en marche de la planche à billets, fossoyeuse de la monnaie, a fait rechuter la livre comme une pierre. Elle est retombée la semaine dernière à son plus bas niveau depuis début avril, en refranchissant le seuil de 0,89, qui la rapproche à nouveau de la parité avec la monnaie unique qu'elle avait affleurée fin 2008. pressions inflationnistesLa monnaie d'Albion a accusé sa sixième semaine consécutive de repli vis-à-vis de l'euro, sa plus longue séquence de déclin depuis 2004. Et si la livre parvient à mieux résister face au dollar, c'est parce que le billet vert est lui aussi sous pression. Elle a quand même reflué à plus de 1,60 au cours de la première décade d'octobre, au plus bas depuis février, avant de remonter modestement la pente pour finir la semaine autour de 1,57.La livre sterling se retrouve ainsi plus de 25 % en dessous des niveaux qui prévalaient avant le déclenchement de la crise et, pour bon nombre d'économistes, la monnaie la plus faible du G10 mettra des années avant de recommencer à s'apprécier une fois la purge de l'économie britannique accomplie. Les risques de baisse supplémentaire à court terme se seraient même accrus. Du fait des pressions inflationnistes persistantes en Grande-Bretagne, l'indice des prix se maintenant à un niveau supérieur à 3 % depuis des mois pour un objectif de 2 %, la livre est la grande monnaie dont les taux d'intérêt réels - défalqués de cette inflation entêtante - sont les plus élevés du monde. Et alors que certains avaient un moment évoqué, pour corriger ce déséquilibre, un durcissement monétaire de la Banque d'Angleterre plus précoce que chez ses partenaires, cette perspective n'est plus d'actualité. La Vieille Dame de Londres devrait maintenir son taux directeur à 0,5 % pendant une période prolongée, pour singer le discours de la Fed américaine. Isabelle Croizard
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.