Le billet vert à hue et à dia

Alors que les responsables des grandes banques centrales tentent, par des interventions verbales répétées, de neutraliser les vendeurs de dollars, ils sont contrés par leurs « subordonnés » qui viennent détricoter la toile de Pénélope qu'ils s'efforcent de reconstituer. Du coup, le dollar ne parvient pas à décoller franchement du seuil de 1,50 pour 1 euro, tandis que son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis continue de flirter avec ses points bas de quinze mois. Ainsi, la semaine dernière, Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, avait une nouvelle fois dérogé aux principes qui veulent qu'outre-Atlantique, seuls les responsables du Trésor américain s'expriment sur la monnaie, pour prendre fait et cause en faveur d'un dollar fort. La politique de la Fed « contribuera à faire en sorte que le dollar soit source de stabilité pour le système financier mondial » avait-il déclaré. Mais à deux reprises, James Bullard, président de la Fed de Saint-Louis, qui sera membre votant du conseil en 2010, lui a mis des bâtons dans les roues. Il a d'abord rappelé que, lors des sorties de crise précédentes, les taux étaient restés inchangés pendant deux ans et demi, voire trois ans, laissant de ce fait anticiper un statu quo jusqu'en 2012. Et dimanche, il s'est fait l'avocat du maintien de toutes les mesures d'urgence prises par la Fed jusqu'en 2011 ou 2012. Déjà assurés que les taux américains, voisins de zéro depuis onze mois, resteraient à très bas niveau pendant une période prolongée (dixit Bernanke), les acteurs du marché ont cru pouvoir déceler qu'ils pourraient encore un bon moment s'adonner au « carry trade ». Par cette pratique consistant à jouer sur les écarts de rendements, ils prennent le dollar comme vecteur au profit de monnaies mieux rémunérées ou de matières premières plus alléchantes.C'est une des raisons qui empêchent le dollar de tirer les dividendes des récentes statistiques économiques favorables aux États-Unis. La flambée des reventes de logements lundi, en hausse de 10,1 % en octobre, n'a pas intimidé les « ours ». Pas plus qu'hier la batterie de chiffres positifs ne les a impressionnés. Car, même révisé en baisse de 3,5 % en rythme annualisé à 2,8 %, le PIB des États-Unis au troisième trimestre reste dynamique. En outre, les prix des logements poursuivent leur redressement et l'indice de confiance des consommateurs américains a enregistré une hausse inattendu, compte tenu de la dégradation du marché du travail, pour s'inscrire à 49,5, en novembre. n Les acteurs du marché ont cru qu'ils pourraient encore un bon moment s'adonner au jeu sur les écarts de rendement.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.