« Un vrai défi adressé au système de formation »

Pourquoi le Conseil d'orientation pour l'emploi publie-t-il ce rapport « Croissance verte et emploi » ?C'est maintenant que se jouent, à l'échelle mondiale, les enjeux de la sortie de crise et la croissance verte en fait partie. La responsabilité du Conseil d'orientation pour l'emploi, c'est aussi de préparer l'avenir. C'est la première fois que, de façon réfléchie, on décide, à l'aube d'une mutation économique, de s'emparer des enjeux sur l'emploi pour élaborer une stratégie. Ce travail n'avait pas été fait pour les mutations liées aux technologies de l'information et de la communication, et la France n'occupe pas la place qu'elle devrait dans ce secteur. En plus d'une stratégie économique et industrielle, c'est important d'élaborer une stratégie emplois assumée par l'ensemble des acteurs dont les partenaires sociaux, à tous les niveaux.Sur quel constat se fondent vos recommandations ?Jusqu'à présent, le débat s'est beaucoup focalisé sur la quantité des emplois liés à la croissance verte. Les études réalisées avec diverses méthodologies concluent à un gisement de plusieurs centaines de milliers d'emplois, jusqu'à 600.000 pour la France. Ce potentiel existe incontestablement, il s'agit de le concrétiser. Surtout, un autre enjeu nous semble tout aussi décisif, les millions de salariés dont les compétences, l'organisation du travail et les métiers sont amenés à évoluer du fait de cette croissance verte. Et cela représente un vrai défi adressé à l'ensemble du système de formation, qui nécessiterait un « plan Marshall pour la formation. »Le système de formation est-il prêt à relever ce défi ?Dans l'enseignement supérieur, le processus d'adaptation des diplômes se fait à un rythme satisfaisant. Mais dans le secondaire, nous suggérons des procédures dérogatoires et accélérées car les méthodes actuelles, avec les commissions professionnelles consultatives (CPC), sont bien trop lentes. Par ailleurs, les grandes entreprises peuvent jouer un rôle pour diffuser la formation chez leurs sous-traitants et former les formateurs. Il s'agit d'amorcer la pompe et d'atteindre le bon dimensionnement.Quelles sont les principales conditions de concrétisation de ce potentiel d'emplois ?Cette croissance verte implique une vraie demande et une vraie offre. Côté demande, il faut informer, conseiller, solvabiliser via des aides et incitations financières. L'État a un rôle à jouer mais la commande publique doit être à la hauteur et dans les délais prévus et posséder l'expertise nécessaire pour élaborer des appels d'offres « verts ». Du côté de l'offre, le volet recherche est essentiel. Et, là encore, l'État doit favoriser le développement de nouvelles filières via la commande publique, les normes et la collaboration avec les territoires.Ne craignez-vous pas que le retard pris sur le vote de la loi Grenelle 2 ne nuise à l'atteinte de ces objectifs ?Après les engagements français, nous souhaitons attirer l'attention des pouvoirs publics sur l'ampleur de leurs responsabilités en matière de formation, de chantiers publics et de respect du calendrier. Concernant Grenelle 2, il ne faudrait pas que l'économie soit placée dans une situation d'attentisme. Mais nous pensons que les emplois de la croissance verte sont à notre portée. n
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