Haïti aura besoin d'une aide colossale pour sa reconstruction

Haïti aura besoin d'aide pour entreprendre une reconstruction qui devrait se révéler « colossale », a indiqué lundi d'entrée de jeu le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, lors de la rencontre des « amis d'Haïti » à Montréal, réunissant une vingtaine de pays et des représentants des grandes institutions internationales. Pour les États-Unis, c'est Hillary Clinton, le secrétaire d'État, qui avait fait le déplacement. Et Paris était représenté par le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Il s'agissait d'établir une feuille de route pour rebâtir le pays en vue de la conférence des donateurs qui devrait se tenir en mars au Canada et qui permettra de collecter les dons internationaux en connaissance de cause. Dans l'intervalle, ce sont les grands patrons internationaux qui seront appelés à se mobiliser, du moins pour ceux qui se rendront au Forum de Davos dont le programme accorde désormais une place importante à Haïti.Depuis le 12 janvier, date du premier séisme (de magnitude 7) qui a frappé le pays provoquant sans doute au moins 150.000 morts et au minimum 600.000 sans-abri sur une population totale de près de 10 millions d'habitants, les besoins d'urgence sont loin d'avoir tous été satisfaits. Nouvel afflux d'aideMais la communauté internationale veut, sans tarder, préparer la reconstruction du pays et si possible dresser une feuille de route répertoriant les priorités accompagnée d'une évaluation des besoins. « Je n'exagère pas en affirmant que dix années de dur travail nous attendent en Haïti », a annoncé le Premier ministre canadien, devant les participants de la conférence. Pour la République dominicaine, qui partage avec Haïti l'île Hispaniola, il faudrait mettre sur pied un programme d'assistance de 10 milliards de dollar sur cinq ans. Lundi, plusieurs pays se sont engagés à fournir une aide rapide comme le Japon (70 millions de dollars), les États-Unis (100 millions de dollars) et la Corée du Sud (10 millions de dollars). Face à cet afflux d'aide, le Premier ministre haïtien a toutefois tenu à souligner que son pays « est en mesure d'assurer le leadership que la population attend de lui ».Actif sur le terrain, Nesmy Manigat, de l'ONG Aide et Action, estime « difficile d'établir une frontière entre l'urgence, encore grande en matière de système de santé, d'éducation notamment, et les besoins pour la future reconstruction ». Même analyse chez Oxfam France où Sébastien Fourmy estime qu'« il faut tout recalculer car les études faites avant le séisme cherchaient par exemple à évaluer l'aide nécessaire pour instaurer un accès gratuit au système de santé pour les femmes et les enfants, alors qu'aujourd'hui, on ne sait même pas combien il y a de médecins et quels sont les hôpitaux encore utilisables ».Sous le poids de la detteL'une des options étudiées par la communauté internationale porte sur l'annulation de la dette d'Haïti. La semaine passée, le Club de Paris a rappelé que ses membres se sont engagés en 2009 à annuler la dette qu'ils détiennent sur Haïti pour un total de 214 millions de dollars dont 58 millions d'euros pour la France. Le Club de Paris a enjoint ses membres à accélérer le processus, et a demandé aux créanciers non membre (Taiwan, Venezuela) de se rallier à l'initiative d'annulation.Malgré cette initiative, Haïti ploie encore sous le poids de 891 millions de dollars de dette surtout dus aux institutions internationales, dont 10 millions qui doivent être en principe remboursés dès 2010. La plate-forme Dette et Développement, un groupe d'ONG, réclame l'annulation de l'ensemble de la dette, et s'alarme du risque que soient contractés de nouveaux prêts. Le Premier ministre haïtien, Jean-Max bellerive, a toutefois estimé, en marge de la réunion de Montréal à laquelle il assistait, que « l'élimination de la dette d'Haïti par la communauté internationale constituerait un acquis intéressant », mais « face aux demandes réelles que nous avons en termes d'investissements, de soutien, le poids de la dette est minime ».
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