Sans Oskar Lafontaine, une coalition de gauche est possible en Allemagne

En annonçant ce week-end son retrait de la vie politique, Oskar Lafontaine a levé un obstacle pour le rapprochement entre le parti qu'il présidait jusqu'ici, Die Linke, et ses anciens camarades du SPD qui le détestaient. Cette annonce signifie-t-elle alors qu'une alliance des trois partis de gauche pour les élections de 2013 devient une possibilité ?« Oskar Lafontaine était persona non grata au sein du SPD, mais son retrait ne règle pas tous les problèmes entre le SPD et Die Linke », remarque Lothar Probst, professeur de sciences politiques à l'université de Brême. Selon lui, le chemin est encore long jusqu'à une alliance de gauche. « Les sociaux-démocrates, mais aussi les Verts, restent très divisés sur le sujet d'une collaboration avec die Linke », souligne-t-il. Et de préciser : « Les différences de programmes entre die Linke et le SPD restent très importantes, notamment sur l'emploi de l'armée à l'étranger, l'Europe ou l'économie. » Sur ce dernier point, le SPD a encore du mal à désavouer ses grandes réformes comme la loi Hartz IV sur le chômage ou la retraite à 67 ans. Des réformes qui ont été à l'origine en 2005 de la création de Die Linke.impact électoralPour autant, la nouvelle direction du SPD conduite par Sigmar Gabriel s'était déjà présentée plus ouverte vis-à-vis de Die Linke. « L'opposition émotionnelle à Lafontaine au sein du SPD venait surtout de la direction précédente, celle des amis de Gerhard Schröder », remarque ainsi Heinrich Oberreuter, politologue à l'université de Passau, qui estime que le départ du dirigeant pourrait « donner plus d'influence à la composante est-allemande de Die Linke, plus réaliste par ses expériences locales de pouvoir ». À terme, cela pourrait favoriser un compromis au sein de la gauche. D'autant que le politologue estime que « les réserves de la population vis-à-vis d'une telle coalition se réduisent progressivement, car les gens savent que cela ne provoquera pas de révolution dans le pays ».Reste désormais à savoir quel sera l'impact électoral de ce retrait sur Die Linke. « Compte tenu de la présence médiatique d'Oskar Lafontaine, la tâche du parti sera plus difficile », concède Heinrich Oberreuter. Mais Lothar Probst estime qu'au sein des catégories les plus vulnérables de la population, beaucoup verront dans Die Linke la seule formation susceptible de représenter leurs intérêts. De quoi renforcer la position du parti, même en l'absence de Lafontaine.Romaric Godin, à Francfort
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