Le vent des réformes financières bouscule les opérateurs boursiers

Jusqu'à présent, la volonté de tirer les leçons de la crise financière apparaissait de bon augure pour les opérateurs boursiers. Nyse-Euronext, Nasdaq OMX, CME Group y voyaient le moyen de ramener en Bourse des échanges jusqu'alors réalisés de gré à gré. L'obligation de sécuriser les transactions sur produits dérivés ouvrait aussi de nouvelles opportunités côté compensation. Mais le vent pourrait bien être en train de tourner. La réforme bancaire dévoilée jeudi dernier par Barack Obama, destinée à limiter la prise de risque des banques acceptant les dépôts de clients ? en limitant leurs activités de trading pour compte propre ? a créé la surprise. Cette fois-ci, les Bourses pourraient bien avoir à subir quelques dommages collatéraux, au moment même où les régulateurs passent en revue le fonctionnement des marchés.Les intéressés n'ont pas souhaité commenter une réforme dont ils ne connaissent pas encore les contours précis. Mais à Wall Street, les investisseurs y ont vu le signal de moindres volumes d'activité à l'avenir. Et donc de commissions sur transactions moins importantes. Depuis jeudi, les actions Nyse-Euronext et Nasdaq OMX ont cédé 8 % dans un mouvement qui a aussi touché les opérateurs européens. En chute de 5,75 % jeudi, l'action CME Group ne se reprenait que timidement hier.« La négociation pour compte propre représentant 48 % des flux d'ordres du trading à haute fréquence aux États-Unis, une restriction de ces activités dans les banques pourrait affecter les volumes d'échanges, et donc le chiffre d'affaires des Bourses », reconnaissent David Easthope et Chermaine Lee, analystes chez Celent. Permis par des outils informatiques de traitement des ordres de plus en plus performants, le trading à haute fréquence s'est envolé ces dernières années. Aux États-Unis, la Securities and Exchange Commission, qui vient de lancer une consultation sur les pratiques de marché, dont le trading à haute fréquence, estime qu'il représente au moins 50 % des échanges. Reste que la plupart des intervenants pratiquant le trading pour compte propre poursuivront leur activité. « Les banques, elles-mêmes, évoquent une part limitée de leurs revenus », souligne Larry Tabb, directeur général de Tabb Group. De fait, la réaction première du marché pourrait bien être exagérée. Après une année 2009 marquée par des volumes inchangés ou en repli sous l'effet de la crise, les analystes de Celent entrevoient dans leur scénario le plus noir une nouvelle baisse de l'activité de 10 % à 15 %. « L'impact sur le chiffre d'affaires devrait être moins significatif, en fonction du degré de diversification des opérateurs », poursuivent-ils.Surtout, « l'industrie et les régulateurs devront d'abord débattre des règles et de la terminologie ». Et des éventuelles exemptions. En attendant, il est une croyance sur les marchés selon laquelle « lorsqu'un acteur sort, un autre le remplace », ce qui permet de garder espoir.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.