« Internet doit payer pour la presse comme la télé finance le cinéma »

Le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) rencontre aujourd'hui le nouveau patron de Google pour l'Europe du Sud, Carlo d'Asaro Biondo. Que pensez-vous de la situation des éditeurs face au géant du Net ?Il faut se poser la question du financement des flux d'information. Aujourd'hui, deux catégories d'acteurs profitent des contenus sans rien payer : les moteurs de recherche, comme Google, et les fournisseurs d'accès à Internet (FAI). En France, chaque création de média s'est accompagnée d'une nouvelle régulation. Les radios doivent rémunérer la musique via la Sacem, et ont un quota de chanson française à passer. La télévision finance le cinéma, qui permet à la création française d'être si riche. L'édition a été préservée grâce au prix unique du livre. La même question doit se poser pour la presse. Il faut obliger les journaux à donner accès à leur titre, mais contre une rémunération qui pourrait être décidée par les pouvoirs publics. Les moteurs de recherche et les FAI doivent contribuer au financement de la presse.Google se défend en affirmant qu'ils vous apportent de l'audience et donc de la publicité?C'est un jeu de dupe. 85 % des internautes ne dépassent pas la page d'accueil de Google News. Et l'audience qui arrive sur le site est très difficile à monétiser pour l'éditeur qui n'a pas la masse critique.Pourquoi les éditeurs ne retirent-ils pas leurs contenus de Google ?Seuls les grands groupes peuvent se le permettre. Les indépendants comme nous en mourraient. En outre, même si tous les éditeurs se retiraient, il resterait les dépêches de l'AFP, qui a négocié un contrat de trois ans avec Google. Si action il y a, il faut qu'elle soit concertée.Les états généraux ont été très généreux avec la presse?Ce sont les problèmes industriels qui ont été abordés, pas le numérique. Frédéric Mitterrand devrait créer une commission ad hoc presse et Internet.Comment va « Libération » cinq mois après sa nouvelle formule ?2009 a été une année de sortie de crise et de redéploiement. La nouvelle formule sortie en septembre a permis à « Lib頻, qui perdait plus que le marché, de redresser ses ventes. La diffusion France payée du titre sur les quatre derniers mois de 2009 atteint les 117.000 exemplaires. En 2009, le chiffre d'affaires a atteint 52,1 millions d'euros, pour un bénéfice d'exploitation de 1,2 million d'euros. La perte nette est de 1 million.Et sur le numérique ?Le journal a lancé à l'automne son application iPhone qui marche particulièrement bien avec 450.000 téléchargements. Malheureusement, quelques milliers d'abonnés seulement ont choisi l'option payante. On a décliné sur l'iPhone le modèle mixte gratuit-payant du site Internet. Sur le site, nous avons 4.500 abonnés payants.Propos recueillis par Sandrine Bajos et Sandrine CassiniInterview, Nathalie Collin, coprésidente de « Libération »
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