Airbus bute sur le Japon, chasse gardée de Boeing au

Je réaffirme mon engagement dans le marché japonais » : la phrase est tombée comme du plomb sur la trentaine de curieux présents à la conférence de presse de Thomas Enders, jeudi à Tokyo. Le PDG d'Airbus, venu sonder le marché et l'industrie japonais après la faillite de Japan Airlines (il devait rencontrer le Premier ministre, Yukio Hatoyama, et le ministre des Affaires étrangères, Katsuya Okada), ne semblait pas croire lui-même à ses protestations de bonne volonté. Selon nos informations, une rencontre avec le PDG de All Nippon Airways (ANA), mercredi, en laquelle il espérait beaucoup, s'est révélée une cruelle désillusion. Le groupe a l'habitude : Airbus n'a pas vendu un seul avion dans l'archipel depuis 2006, et, au vu de la situation financière d'ANA, qui est exsangue, sans parler de celle de JAL, il va visiblement devoir encore patienter.verrouillageLa nullité d'Airbus sur le deuxième marché du monde contraste singulièrement avec les succès des autres implantations d'EADS, Eurocopter (qui occupe plus de 50 % du marché civil nippon) et Arianespace (premier lanceur de satellites japonais). L'avionneur a beau jeu de souligner le verrouillage du Japon par Boeing, meilleur allié politique de l'Amérique en Asie. « Nos deux marchés les plus difficiles à pénétrer sont Israël et le Japon », rappelait Tom Enders. Mais en fait, Airbus n'a jamais vraiment fait l'effort de s'intégrer dans le paysage nippon. Sa stratégie est un échec constant ; pourtant, il n'en change jamais. Médiatiquement, il n'existe pas. Industriellement, c'est un fantôme. « Voilà vingt ans que nous impliquons des équipementiers japonais », a martelé avec une mauvaise foi impressionnante Thomas Enders jeudi. Il oubliait de préciser que la part nippone des Airbus reste symbolique, alors que Boeing leur sous-traite des pans entiers d'appareils (notamment la voilure). espoirs sur l'a380Airbus compte sur la révolution technologique et commerciale de l'A380 pour pénétrer enfin le Japon. « Depuis que Singapore Airlines a mis en ligne des A380 entre Singapour-Tokyo, sa fréquentation a progressé de 8 % quand celle de JAL a baissé de 19 % et celle d'ANA de 13 % dans le même temps », a expliqué Kiran Rao, directeur général adjoint vente et marketing d'Airbus. Pour l'instant, le Japon fait toujours la sourde oreille. « Dans quelques années, à ce rythme-là, ils fermeront leur bureau à Tokyo », prédit le représentant d'un équipementier européen au Japon. Ce qui n'empêche pas Thomas Enders de conclure sa conférence par la même antienne entendue depuis quinze ans : « un jour, nous réussirons au Japon ».
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