Les cigarettiers choient leurs actionnaires

Changement de statut boursier pour les fabricants de cigarettes. Il y a quelques années encore, British American Tobacco (BAT) - qui a publié ses résultats annuels ce jeudi - et consorts étaient considérés comme des valeurs défensives en période de crise économique. Pour la simple raison que le stress pousse à s'en griller plus d'une au cours de la journée. Mais la multiplication des lois antitabac a quelque peu changé la donne : stress ou pas stress, la consommation de cigarettes diminue dans les pays matures. Ainsi, les ventes de BAT, plus connu pour ses marques Lucky Strike, Dunhill ou encore Pall Mall, ont fléchi de 3 % en volume l'an dernier, à l'échelle mondiale. Mais elles ont en revanche enregistré de solides croissances en Corée du Sud, au Vietnam et au Nigeria. De la même façon, si Philip Morris International a vu ses volumes de ventes progresser de 0,5 % durant le seul quatrième trimestre, c'est grâce aux performances réalisées en Algérie, en Turquie et en Indonésie, tandis que les ventes fléchissaient de 1,9 % dans l'Union européenne. Il n'en reste pas moins que les cigarettiers gardent un véritable « pricing power » sur leurs marques haut de gamme, comme Dunhill pour BAT. À tel point que ce dernier est parvenu à augmenter ses prix de vente de 8 % en 2009. « La fidélité des consommateurs est remarquable », se félicite BAT. Les actionnaires du groupe peuvent se réjouir, eux aussi. Car cette hausse des prix, couplée à la bonne tenue de la consommation dans les pays émergents, a entraîné une hausse de 10 % du bénéfice net de BAT en 2009, à 2,71 milliards de livres sterling. Permettant ainsi au cigarettier de proposer un dividende en hausse de 19 %. Moins généreux, Altria augmentera son dividende de 2,9 %, mais le montant versé représente tout de même 80 % du bénéfice net du groupe. Conséquence, les actions BAT et Altria offrent de confortables rendements de 4,5 % et de 6,6 %. Idem pour Philip Morris International (4,5 %), qui démarrera de surcroît un programme de rachat d'actions de 12 milliards de dollars en mai. Mais, si les cigarettiers se montrent aussi généreux avec leurs actionnaires, c'est parce qu'ils sont en panne de croissance externe. De nouvelles acquisitions dans les pays émergents seraient les bienvenues, mais les cibles commencent à manquer, reconnaît BAT, qui avait fait main basse sur son concurrent turc, Tekel, en 2008. Un an plus tôt, Japan Tobacco avait racheté son rival Gallaher, notamment pour se développer en Russie.Un peu moins défensives que par le passé, les valeurs du tabac ont bénéficié du rally boursier de 2009, année au cours de laquelle l'indice Bloomberg des cigarettiers a gagné 16,7 %. À treize fois les bénéfices attendus pour 2010, selon les données de l'agence Bloomberg, il est plus cher que le Dow Jones Euro Stoxx 50 (10,7). Le prix à payer pour des valeurs de rendement.
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