Les matériaux de construction dans le viseur de Moody's

Les fabricants européens de matériaux de construction inquiètent Moody's. Dans une récente étude, l'agence d'évaluation financière indique s'attendre, au mieux, à une légère augmentation des résultats dans le secteur, en 2010. Les comptes du premier trimestre devraient réserver de mauvaises surprises, en raison d'un hiver rigoureux en Europe et en Amérique du Nord. Non seulement les chutes de neige retardent l'avancée des chantiers mais certains matériaux peuvent difficilement être utilisés en-dessous de 4 degrés. Résultat, les livraisons de ciment ont chuté de 36 % en janvier, sur le seul marché allemand, s'alarme Moody's.Plus globalement, pour l'ensemble de 2010, l'agence pointe du doigt un marché de la construction qui devrait peiner à redécoller dans les pays matures. Car le segment du non-résidentiel redémarre généralement un an seulement après une reprise économique, souligne Moody's. faiblesse de la demandePis, le redressement de la construction résidentielle dépend de l'amélioration du marché de l'emploi. C'est dire si les prochains mois s'annoncent délicats pour des groupes comme le français Saint-Gobain, l'irlandais CRH, et l'autrichien Wienerberger, particulièrement exposés aux marchés américain, britannique et d'Europe de l'Est. Le français Lafarge et le suisse Holcim devraient mieux tirer leur épingle du jeu, grâce à leur forte implantation dans les marchés porteurs que sont l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Inde et la Chine. A cette faiblesse de la demande pourrait s'ajouter, à partir du second semestre 2010, le renchérissement de la facture énergétique, les fabricants de matériaux de construction étant de grands consommateurs de pétrole et d'électricité. Si Moody's s'inquiète ainsi de leurs perspectives bénéficiaires, c'est parce que ces groupes ont récemment fait preuve de générosité à l'égard de leurs actionnaires, au détriment de la solidité de leur bilan. CRH a mis un point d'honneur à augmenter son dividende pour la 26e annéee consécutive, en dépit d'une dégringolade de 55 % de son résultat avant impôts en 2009. Et, malgré un bénéfice net en chute de 89,2 %, Saint-Gobain a maintenu son dividende à 1 euro par action, au titre de 2009. Lafarge n'a pas fait exception, en laissant son dividende inchangé. Dans le cas du cimentier français, le décaissement sera d'autant plus important cette année que le nombre d'actions en circulation a grimpé de 50 %, compte tenu de l'augmentation de capital destinée à financer le rachat d'Orascom, et de celle lancée début 2009, qui avait atteint 1,5 milliard d'euros, note Moody's. Or, des augmentations de capital de cette envergure, les fabricants de matériaux de construction pourront difficilement en lancer de nouvelles cette année, prévient l'agence.De fait, le marché est moins bien disposé à l'égard des valeurs cycliques qu'il y a un an. L'indice Bloomberg des fabricants de matériaux de construction perd 3,2 % depuis le 1er janvier, alors que le Dow Jones Euro Stoxx 50 cède 0,75 %. Il faut dire que le secteur ne se paie pas moins de 15 fois les bénéfices attendus pour 2010, après son envolée boursière de 32 % l'an dernier. n
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