Le bloc-notes de Stéphane Soumier

STRONG>Clap de finJusqu'au bout, les auditeurs seront restés passionnés par le procès Kerviel. Jusqu'à l'ultime plaidoirie. Et tout se termine sur un énorme point d'interrogation, celui de la prison. Jérome Kerviel était venu nous voir avant le procès. Au delà de tout ce que l'on peut penser à l'issue de trois semaines d'audiences, je garde l'image d'un jeune homme effrayé par la perspective de l'enfermement. Qui ne le serait pas ? Alors il faut regarder les choses froidement : on enferme un homme parce qu'il représente un danger pour la société, ou parce que cela paraît légitime au regard de la douleur infligée aux victimes. Qui donc Jérome Kerviel pourrait-il menacer ? Vraisemblablement pas grand monde. La Société Généralecute; Générale peut-elle revendiquer une douleur telle qu'elle impose de briser la vie du coupable ? Après trois semaines d'audiences, c'est à cette question là qu'on a du mal à répondre. P.S. : Pourquoi Daniel Bouton n'était-il jamais apparu comme ça nulle part? Pourquoi n'est-il pas venu un soir à la télévision dire, aussi simplement qu'il l'a fait à l'audience, ses doutes, ses réflexions, ses certitudes aussi, avec calme, respect, qualité d'écoute. Allez lire les comptes-rendus, si vous ne l'avez pas fait, c'est passionnant de bout en bout, notamment sur ce qu'il appelle les "risques opérationnels" : l'idée qu'il avait trop investi sur les risques de marché, pas assez sur le contrôle des hommes eux-mêmes. Mine de rien, il ouvre un champ de réflexion sur les faiblesses des systèmes automatiques au coeur de bien des secteurs aujourd'hui. Et finalement, l'affaire Toyota, vu sous cet angle, est une autre affaire Kerviel.Mais ce n'est pas le sujet, le sujet c'est Daniel Bouton. S'il était venu, donc, à la télévision, montrer cette image, visiblement sincère, d'un homme qui a vu trembler le sol sous ses pieds, allez savoir, alors, si l'image des banquiers n'en aurait pas été durablement transformée.Histoire tristeC'est une phrase que j'adore, prononcée régulièrement par Alain Madelin, fruit de sa longue expérience politique: "quand une "affaire" démarre, quand vous avez un doute entre le machiavélisme et la connerie, choisissez toujours la connerie". J'y repense à propos d'Eric Woerth. Je vais vous soumettre ce qui m'a été raconté par un "insider": le majordome qui place son dictaphone dans la commode de la vieille dame ne cherche qu'à se protéger. Parce que le personnel de maison se sent menacé par le climat ambiant. En gros, alors qu'approche le procès de François-Marie Banier, les femmes de chambre, femmes de ménage, hommes de maison, peuvent devenir les témoins gênants du comportement intime des différents protagonistes de l'affaire. Alors chacun cherche des armes. Pour le majordome, ce sera le dictaphone. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que j'ai entendu Hervé Novelli dénoncer les "manipulations pour déstabiliser Éric Woerth dans la dernière phase d'une négociation capitale pour l'avenir du pays". Tu parles ! Et pourquoi pas la CIA ? Non, ce sont de tristes histoires de majordomes et de commodes, et c'est bien dans la porte de l'office qu'Eric Woerth s'est coincé les doigts. Et c'est bien parce que cet homme en charge d'un "dossier capital" n'a pas voulu regarder la confiture qui nourrissait sa femme, qu'il s'est retrouvé dans les sables mouvants. Et c'est bien parce qu'avant lui, d'autres membres du gouvernement ont perdu le contact avec les évidences, que cette affaire a pris tant d'ampleur. Et c'est bien parce qu'Eric Woerth apparaissait comme un homme politique à part, que l'on s'est dit: "oh, non! Pas lui, pas ça!"Au fait...Le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a augmenté comme rarement le mois dernier. Elle commence quand la prise de conscience des entreprises ?
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