Et si Air France devenait Air Hollande ?

« Combien de temps encore Air France pourra-t-elle supporter un différentiel de 4 à 6 points de chiffre d'affaires par rapport à une Air France qui serait à Amsterdam comme l'a fait par exemple EADS ? Nous ne pourrons pas rester longtemps avec un tel niveau de taxes et de charges, qui mettent hors jeu les compagnies françaises ». Vice-président du développement d'Air France, Gilles Bordes-Pagès a dénoncé, comme le fait systématiquement la direction d'Air France depuis quelque temps, les conséquences du manque de compétitivité de la France sur le transport aérien. Il s'exprimait à French Connect, un forum spécialisé sur les relations entre les compagnies à bas coûts (low-cost) et les aéroports français qui, cette année, se déroulait à Lourdes. « Il faut remettre à plat un certain nombre de problèmes : les taxes et charges sociales nous pénalisent à hauteur de 18,5 % par rapport aux Pays-Bas. Cela pose un problème de fonds si l'on songe que les salaires représentent 34 % des coûts d'Air France ». Selon une étude financée par la compagnie, Air France économiserait 865 millions d'euros (700 millions de charges et 165 millions de taxes sociales et parafiscales) si elle troquait sa nationalité française pour baser son siège social à Amsterdam.Décision impossibleUne hypothèse qu'aucune direction ne prendra afin d'éviter les foudres des politiques et de l'opinion. Quoi qu'il en soit, la compagnie, en grandes difficultés financières, a décidé de mettre sur la table la question de la compétitivité de la France par rapport à d'autres pays européens mais aussi du Golfe. Il y a une dizaine de jours, lors de l'assemblée générale de la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam), le directeur général d'Air France-KLM Pierre-Henri Gourgeon avait également tiré la sonnette d'alarme.Les problèmes de compétitivité de la France sont « un sujet de débat. il faudra le traiter, sinon, le futur sera difficile ». Le 2 juin, il avait également alerté les députés lors d'une audition à l'assemblée nationale. L'an dernier Jean-Cyril Spinetta avait également attiré l'attention sur ce dossier.La déclaration de Gilles Bordes-Pagès constituait le dernier point de son argumentation sur les solutions qui pourraient permettre de maintenir, malgré les low-cost, un réseau moyen-courrier vital pour tout transporteur comme Air France dont le modèle de correspondances (hub) est basé par une alimentation des vols long-courriers par des vols moyen-courriers. Si ce dernier tombe, c'est tout le modèle qui s'écroule. « L'économie du modèle des compagnies organiséees en hub (« legacy carriers » dans le jargon, Ndlr) est menacé. Il faut donc trouver une solution qui ne passerait pas nécessairement par une alliance avec une low-cost », a-t-il dit en réponse à une question sur la possibilté d'une alliance avec une compagnie à bas coûts. Solutions espagnolePour lui, la solution peut passer par « le modèle que veut mettre en place Iberia » (création d'une nouvelle filiale moyen-courrier conçue pour alimenter à bas coûts les long-courriers) ou par « un travail avec les filiales actuelles dont les coûts sont plus bas » et « par une profonde réduction des coûts de la compagnie pour réduire l'écart avec les low-cost ».Pour une fois, Gilles Bordes-Pagès s'est trouvé un point commun avec les low-cost. Celles-ci n'ont cessé lors de ce forum de pointer du doigt le poids des taxes en France qui explique la plus faible pénétration des low-cost en France qu'ailleurs.
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