L'environnement, le parent pauvre de la croissance brésilienne

L e Brésil est un État qui a commencé par tout détruire », explique Cândido Grzybowski, directeur de l'influente ONG brésilienne Ibase (Institut brésilien d'analyses sociales et économiques). Le sociologue se réfère ainsi à l'exploitation du « bois Brésil » menée par les colonisateurs portugais lors de leur arrivée sur le territoire.Exportations destructricesAujourd'hui encore, « 80 % de nos exportations sont agricoles ou minières », dénonce-t-il devant l'Association des journalistes de l'actualité sociale (Ajis).Ce choix énergétique, s'il crée des emplois, entraîne la déforestation et le déplacement des populations, indigènes entre autres. Mais au sein du gouvernement, entre les pro-environnement et les pro-développement, Lula ? président « productiviste », selon les termes d'Yves Saint-Geours, l'ambassadeur de France à Brasilia ? a régulièrement tranché en faveur des seconds. L'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) « nous a imposé 33 projets sociaux et environnementaux » avant de donner son aval, se défend GDF Suez Brésil. Le groupe investit actuellement dans le barrage de Jirau (3.450 mégawatts), dans l'État de Rondônia. Mais l'Ibama est accusé de céder systématiquement aux pressions gouvernementales.Le Brésil reste en revanche un grand précurseur dans le domaine des biocarburants. Son éthanol à base d'alcool de canne à sucre existe depuis les années 1970. Quatre moteurs automobiles sur cinq construits au Brésil sont désormais « flex fuel », c'est-à-dire polycarburants. En septembre, Lula a cependant interdit la culture de la canne à sucre sur 81 % du territoire, en raison de la déforestation qu'elle entraîne. Au-delà, le gouvernement se garde bien de contrarier les projets de l'agrobusiness, tout puissant. Le Brésil est ainsi depuis 2009 le deuxième producteur mondial d'OGM, derrière les États-Unis. Cause ou conséquence de ce succès agricole, il est également le champion mondial de l'utilisation des pesticides. Le Brésil mise enfin sur le pétrole. Petrobras, la compagnie publique, qui permet depuis 2006 l'autosuffisance pétrolière du pays, a annoncé en juin 44,8 milliards de dollars d'investissements par an d'ici à 2014. Ils seront destinés en priorité aux énormes gisements en eaux très profondes récemment découverts au sud de Rio de Janeiro. Dans ce contexte, l'énergie solaire reste inexistante et la filière éolienne connaît un essor timide, dans le Nordeste. Enfin, le Brésil a du chemin à parcourir pour verdir ses mégalopoles. À São Paulo (20 millions d'habitants), 6 millions de voitures se pressent chaque jour. L'élite a trouvé une solution originale : elle circule en hélicoptère.
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