Toute toute première fois

Il s'est battu comme un diable. Ne laissant aucun répit à Xavier Darcos, adversaire arrogant persuadé que le Château de Versailles lui revenait de droit après son échec aux régionales. Alors Jean-Jacques Aillagon, le président du domaine, est entré dans la bataille. Avec son coeur. Ses tripes. Un excellent bilan à présenter surtout. Mais plus encore, une relation quasi fusionnelle à Versailles, entamée il y a tout juste cinquante ans. Tout avait commencé à l'été 1960. Cette année-là, la Moselle décide d'offrir un voyage à Paris aux premiers lauréats du brevet des collèges. Parmi eux, un garçon passionné d'histoire : Jean-Jacques Aillagon. Au programme, le château de Versailles. « C'était la première fois que je me confrontais à un mythe dont j'avais si longtemps rêvé, se souvient l'actuel patron des lieux. Je garde aujourd'hui encore en mémoire le sentiment d'immensité du bâtiment, l'émotion de la beauté ». Est-ce à ce moment-là que tout s'est joué ? Allez savoir. Reste que l'amour de Jean-Jacques Aillagon pour l'établissement s'est scellé, avec la République dans le rôle de Cupidon. Seize ans plus tard, rebelote. Le jeune homme est devenu professeur d'histoire. Nommé au ministère de la culture, il quitte sa Lorraine natale pour Paris. Et reprend, à peine arrivé, le chemin de Versailles. Le choc de la première fois digéré, Aillagon observe désormais un dimanche par mois le domaine d'un oeil amoureux. « Il s'est créé alors une intimité très forte avec le château », poursuit l'ancien ministre. Regard émerveillé d'abord, donc. Amoureux ensuite. Professionnel à partir du moment où ce dernier a été nommé ministre de la Culture. « Avec l'incendie du château de Lunéville, je me suis dit qu'il était temps de lancer un audit sur la sécurité incendie de nos monuments nationaux. À Versailles, la situation s'est révélée catastrophique. D'où l'idée de lancer des grands travaux dont il m'appartient aujourd'hui de mettre en oeuvre la dernière phase. » Car entre-temps, les intermittents du spectacle ont fini par avoir la peau de leur ministre de tutelle, parti ensuite à Venise s'occuper du Palazzo Grassi de François Pinault. Versailles, pourtant, lui trotte toujours dans la tête. Christine Albanel va exaucer son voeu. Le 6 juin, Jean-Jacques Aillagon est nommé président du domaine. Le 13, il prend ses fonctions. « C'était une aube, une aurore au seuil d'un projet. » Une première fois, là encore. Au fond, c'est peut-être cela le secret qui lie Jean-Jacques Aillagon à Versailles. Cette succession de premières fois censées ne plus se reproduire ensuite et qui se révèlent à chaque fois pour lui plus intenses.Yasmine Youssi
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