La capitale culturelle de la Turquie fait sa « movida ». Mus...

Il y a eu le Montparnasse d'avant-guerre, le Barcelone de la Movida, le Prague post-chute du Mur. Voici maintenant Istanbul, « nouvelle frontière » des bobos, qui se pressent dans les cafés design, les restaurants chics et les boîtes de nuit folles de la ville-monde. Istanbul, ville passerelle, où l'on peut, en prenant le bateau d'Üsküdar à Karaköy, passer de l'Asie à l'Europe et de l'Europe à l'Asie en quelques minutes, le temps de prendre un thé, fort et sucré, dans un verre tulipe. Sur le pont, on reste le nez au vent marin, à contempler les eaux argentées. On respire le bonheur de ne rien faire, pendant que les porte-conteneurs de la mondialisation sillonnent le détroit. On se tord le cou pour ne pas perdre de vue les yalis, ces grandes bâtisses en bois, héritières d'un autre âge, qui défilent le long des berges. Puis c'est la cohue des rues. L'ottomaneIstanbul, l'ottomane, celle des palais avec ses harems (délaissés depuis longtemps), des bains, turcs ? évidemment ?, du bazar couvert, baigné d'un halo de lumière pâle, surréelle, où l'on prend son temps pour partager le thé de l'hospitalité, en hésitant entre un hereké en soie classique ? tapis de prière ou de réception ?, un kilim plus rustique venu des steppes d'Anatolie ou un couvre-selle brodé, arrivé des confins de l'ancien empire, d'Azerbaïdjan et d'Iran. Bien sûr, l'ottomane a encore ses attraits. Ceux de Topkapi et de ses bijoux, de ses mosquées aux faïences bleues, vertes et roses, délicates, aériennes. Tulipes, pivoines et bleuets sont les motifs du paradis. Avant l'ottomane, la byzantine Sainte-Sophie se pare également de splendeurs. La romaine n'est pas en reste, avec son hippodrome et sa citerne, lieu étrange de recueillement musical, telle une mélodie en sous-sol.Mais Istanbul la cosmopolite a de nouveaux charmes aujourd'hui. En descendant de Taksim, centre névralgique de la ville, les « entrepôts » ont été transformés en musée, l'Istanbul Modern. Avec ses gros tuyaux apparents, façon usine désaffectée, son restaurant en terrasse qui donne sur Topkapi, sa carte internationale et sa musique new age, on se croirait à Dumbo, quartier des artistes branchés de New York. Les ?uvres contemporaines exposées sont turques pour la plupart, symbole de la créativité nationale retrouvée. Autre terrasse, celle du musée Sabanci. Après avoir goûté à l'exposition du moment, on déguste des pâtes à l'italienne, dans une lumière filtrée des abat-jour Louis Poulsen, violoncelle en background. Moment de quiétude avant d'affronter la Corne d'Or et la mosquée Eyup Sultan, remplie à toute heure de pratiquants en prière. On prend un börek dans un boui-boui local, histoire de s'encanailler dans ce quartier populaire. Puis on s'égare dans le cimetière qui monte, qui monte, le long de la colline surplombant les eaux. Les tombes sont enturbannées, les familles bavardent, les fleurs poussent dans tous les sens. On prend une nouvelle tasse de thé au café Pierre Loti, et l'on se souvient d'Aziyadé, sa favorite rêvée, en contemplant l'horizon. Ville-terrasseLa nouvelle Istanbul est un balcon sur le monde, une ville-terrasse. Celle du Goethe Institute, près du lycée de Galatasaray, ou celle d'Hamdi, dans le quartier d'Eminönü, avec son panorama imprenable sur la Corne d'Or. Il faut aussi grimper sur le toit des appartements de Misir, dans Istiklal, et rejoindre le 360, lieu branché au c?ur de Beyoglu, où se côtoient jeunes Turcs aux fortunes anciennes ou nouvelles, expatriés et étrangers de passage, bref, tous ceux qui veulent compter dans la vie et la nuit stambouliotes. Faire partie de l'élite cosmopolite, se sentir citoyen du monde, telle est l'exquise impression du moment, et qui peut durer toute la nuit ? qu'il faut finir dans l'une des boîtes d'Ortaköy, le long du Bosphore. Au Reina, les celebrity parties sont un must. De toute façon, avec ou sans « people », il faut rester ? puisque le quartier est bouché jusqu'à l'aube ! Et l'aube est si belle sur le Bosphore. Istanbul ? nouveau jour?Lysiane J. Baudu, à Istanbul Istanbul, balcon sur le monde
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