Faute d'argent, les armées française et britannique se rapprochent

Après des années de promesses non tenues et de rapprochements avortés, la coopération franco-britannique en matière de défense va faire un grand pas. Le 2 novembre, lors du sommet annuel entre les deux pays, un accord de rapprochement entre les deux armées sera signé, notamment pour mettre en commun des programmes de maintenance, d'entraînement et de recherche.Le mariage n'a rien d'un soudain coup de foudre. Mais les deux armées n'ont plus d'argent et, pour maintenir une force d'ampleur internationale, il leur est urgent de réaliser des économies. « La crise est un formidable accélérateur de rapprochement », indique-t-on du côté du Quai d'Orsay. Avant d'ajouter : « c'est un mariage de raison ».La semaine dernière, les Britanniques ont publié leur livre blanc sur la défense. Bilan : une baisse de 8 % en valeur réelle sur cinq ans du budget. D'où des choix douloureux. Le plus spectaculaire : le Royaume-Uni va mettre fin immédiatement à son porte-avions, et le prochain en construction ne sera disponible qu'en 2020. La prestigieuse Navy n'aura donc pas de porte-avions pendant dix ans. Côté français, les économies à venir sont moins drastiques, mais la défense part d'un niveau plus faible. Le budget français est actuellement de 31 milliards d'euros, contre 41 milliards d'euros pour les Britanniques. La France n'a qu'un seul porte-avions et n'en a pas commandé de nouveau. Le rapprochement entre les deux forces s'impose donc. « C'est l'entente ou la disparition », estime Etienne de Durand, directeur du Centre des études de sécurité. A cela s'ajoute le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan. Pour les Britanniques, cela rend la coopération beaucoup plus acceptable (celle-ci ne sera pas « européenne »).Concrètement, le rapprochement se fera à petits pas. L'idée de troupes communes franco-britanniques sur le modèle franco-germanique est exclue, de même que la possibilité d'un partage de la dissuasion nucléaire. En revanche, les programmes de maintenance de l'A400M, le futur avion de transport militaire livré aux deux armées, devraient être mis en commun. Porte-avionsAutre avancée concrète : le nouveau porte-avions britannique, prêt en 2020, sera finalement équipé d'une catapulte, permettant de recevoir des avions français (ou américains) à décollage horizontal (jusqu'à présent, les porte-avions britanniques recevaient des avions à décollage vertical).La coopération va aussi se traduire par l'opération « Flandres » en juin prochain. Deux brigades (6.500 hommes chacune) française et britannique réaliseront dans l'est de la France un entraînement commun. Il n'est pas question que les soldats soient ensemble mais de voir comment transférer les informations d'une brigade à l'autre, organiser les passages de commandements, harmoniser la logistique. « Il s'agit de préparer l'après Afghanistan, indique une source militaire française. Aujourd'hui, les Français sont au nord et les Britanniques au sud. Lors du prochain conflit similaire, nous serons l'un à côté de l'autre ». Éric Albert, à Londre
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