France Télécom taille son dividende de 1,5 milliard d'euros. L'Etat sera le premier à en pâtir

«Au minimum» 80 centimes d\'euro. Contre 1,40 euro l\'an dernier. La baisse du dividende annoncée par France Télécom jeudi matin est nettement plus forte qu\'attendu. Certes, le PDG, Stéphane Richard, avait prévenu dès le mois de février que le dividende baisserait l\'an prochain : mais il devait représenter « de l\'ordre de 40% à 45% du cash flow opérationnel », ce qui correspondait à une fourchette de 1,21-1,35 euro par action. D\'ailleurs, le consensus des analystes se situait avant l\'annonce de jeudi matin « à 1,06 euro en moyenne pour 2012 et 0,90 euro pour 2013 » relèvent les experts de JP Morgan, qui attendaient de leur côté respectivement 0,88 euro et 0,78 euro.« Soutien total » de l\'Etat malgré une perte de recettes de 425 millions d\'euros « Cela reste un rendement très élevé », de l\'ordre de 9%, a plaidé le directeur général délégué, en charge des finances, Gervais Pellissier. France Télécom, qui a versé 3,7 milliards d\'euros au titre de l\'exercice 2011, dont 1,5 milliard sous forme d\'acompte en septembre 2011 et le solde en juin dernier, ne paiera que 2,12 milliards d\'euros à ses actionnaires au titre de l\'exercice en cours (dont 1,5 milliard a déjà été déboursé le mois dernier). Cela représente 1,58 milliard de moins, alors que le groupe attend un recul d\'environ 1 milliard de son cash flow opérationnel en 2013 à 7 milliards. L\'Etat, premier actionnaire avec 26,9% du capital, sera le gros perdant : le manque à gagner pour les finances publiques sera de l\'ordre de 425 millions d\'euros, sur le milliard d\'euros perçu les années précédentes. «Notre priorité doit être de conserver un bilan sain et solide » et « en aucun cas nous ne ferons le sacrifice de nos investissements, qui ne seront jamais une variable d\'ajustement » a expliqué Stéphane Richard lors d\'une conférence téléphonique. A l\'heure de la modération salariale en interne, il faut « un partage équitable des efforts » : le PDG a conscience que cette baisse du dividende constitue « un mouvement substantiel » mais il est « raisonnable et dans l\'intérêt à long terme de l\'entreprise » et « totalement soutenu par notre premier actionnaire, l\'Etat. » Malgré la faible visibilité, France Télécom prend « un véritable engagement » de verser au moins 0,80 euro en 2013.Réaction négative à la Bourse, mitigée chez les syndicatsLa réaction des investisseurs, pris de court, a été négative, malgré des fluctuations dans la matinée : l\'action France Télécom a enregistré la plus forte baisse du CAC 40  (-5,16%). Si le syndicat CFE-CGC Unsa s\'est réjoui de cette réduction du dividende qu\'il réclame depuis 2008, alors qu\'il avait déposé une résolution fixant le dividende à 1 euro lors de la dernière assemblée générale en juin avec une association d\'actionnaires salariés, le syndicat Sud a vivement réagi dans un communiqué : « ce n\'est pas une concession aux exigences des syndicats, dont les demandes avaient été rejetées encore en mai dernier, mais c\'est le retour de l\'obsession de la dette, de l\'inquiétude sur le cash. »Intéressé par Maroc Télécom en restant raisonnable Soucieux de contenir une dette qui s’élève encore à 30 milliards d’euros, Stéphane Richard a martelé que « l’heure n’est pas aux grands projets très coûteux. » Interrogé sur son intérêt pour les 53% de Vivendi dans Maroc Télécom, qui pourraient être mis en vente et valent au cours actuel 4,8 milliards d’euros, le PDG a répondu que « d’un point de vue stratégique, on ne peut se désintéresser de cette zone géographique qui est notre priorité de développement. Si processus de vente il y a, il est sûr que nous regarderons, mais ce dossier ne nous fera sortir en aucun cas de notre discipline financière. Ce n’est pas une petite opération et elle serait forcément complexe puisque nous sommes déjà présents au Maroc », France Télécom ayant acquis 40% du capital de Meditel, le numéro deux du mobile, pour 640 millions d’euros en 2010. Il faudrait donc « redéployer » cette participation. « Indépendamment de nos contraintes, ce dossier sera très compliqué et très politique » souligne le PDG, puisque l’Etat marocain est actionnaire à 30%. Selon le « Financial Times », le qatari Qtel et l’émirati Etisalat seraient sur les rangs.  
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