Le CNRS amorce avec les universités le copilotage scientifique de la recherche

Nommé PDG en janvier dernier pour mettre en oeuvre la réforme contestée du CNRS, Alain Fuchs a dû faire de la pédagogie (lire « La Tribune » du 19 février 2010). « La première phase a consisté à envoyer des messages simples sur la redéfinition du partenariat avec les universités », explique-t-il à « La Tribune ». Le point d'orgue de ces nouvelles relations qui visent à replacer les universités au coeur du système de recherche est l'accord-cadre signé au début de mois avec la Conférence des présidents d'université (CPU). « C'est la preuve que le message est passé au moins au niveau des gouvernances. Le contexte est fixé, reste maintenant à décliner ce travail parmi les opérationnels », poursuit-il.Inquiétude Un travail difficile, tant la restructuration de l'organisme en dix instituts et la mise en place de la délégation globale de gestion (DGG) suscite l'inquiétude des chercheurs. La DGG, premier point de l'accord-cadre, consiste, en effet, à transférer aux universités la gestion des unités mixtes de recherche (UMR) qu'elles hébergent. Gestion aujourd'hui éclatée entre les différentes tutelles (CNRS, Inserm...) de ces UMR. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche estime que « cette simplification des démarches a été voulue afin de libérer les chercheurs de complexités administratives chronophages ». Mais les chercheurs redoutent un désengagement du CNRS des laboratoires mixtes les moins bons. « C'est un vieux fantasme. Il n'y a pas d'enjeu de pouvoir. Le point clé est le copilotage scientifique, les UMR étant la brique de base de la collaboration et de la construction de nouvelles grandes universités de recherche pluridisciplinaires. Il n'y a pas de désengagement, chaque tutelle continuera d'y mettre des ressources, mais ce sont les universités qui géreront à terme les unités qu'elles hébergent », rassure Alain Fuchs. A ce jour, une cinquantaine d'UMR (sur 900) expérimentent la délégation de gestion. La mise en place sera lente, convient le PDG du CNRS, les universités étant accaparées par la loi sur l'autonomie et les appels à projets du grand emprunt. Surtout, prévient-il, la DGG n'est qu'un outil : « Nous sommes aujourd'hui dans une situation de négociations de ressources. Mais nous n'allons pas rationaliser aux dépens des services rendus ! »C'est dans cette optique que le CNRS s'associe aux universités pour répondre aux appels à projet (laboratoires d'excellence...) du grand emprunt. L'accord vise d'ailleurs à renforcer le rôle du CNRS au service des politiques de site menées dans le cadre des pôles de recherche et d'enseignement supérieur, que ce soit en matière de valorisation ou d'insertion des doctorants. La mise en place de chaires mixtes universités-organismes est aussi au programme. A ce sujet, Alain Fuchs assure que les chercheurs ne perdront pas leur statut au profit de celui d'enseignant-chercheur.
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