Revitalisée, la colombienne Ecopetrol part à la conquête de l'Amérique latine

Voilà quelques années, un des pipelines colombiens était si souvent bombardé par les guérillas qu'il avait été rebaptisé « la flûte ». Mais les succès enregistrés sous les deux mandats présidentiels d'Alvaro Uribe sur le plan de la sécurité ont depuis permis une revitalisation du secteur pétrolier local. Quatrième entreprise pétrolière d'Amérique latine, derrière les géants PDVSA (Venezuela), Pemex (Mexique), et Petrobras (Brésil), la compagnie nationale Ecopetrol témoigne de ces ambitions renouvelées. Tripler ses réserves Alors qu'elle végétait depuis de nombreuses années autour de 350.000-400.000 barils par jour, la production d'Ecopetrol - environ 60 % de celle du pays - a recommencé à croître depuis 2008. En 2010, elle devrait atteindre 685.000 barils. L'entreprise, contrôlée à 89,9 % par l'État, le reste étant coté depuis 2007, s'est en outre fixé un agenda audacieux. Ecopetrol compte investir 80 milliards de dollars d'ici à 2020 pour doubler sa production, à 1,3 million de barils par jour, et tripler ses réserves, à 6 milliards de barils. L'entreprise financera ce plan au deux tiers avec sa trésorerie, mais fera également appel aux marchés. L'État envisage de céder une part supplémentaire de 9,9 % du capital de la société, qui sollicitera aussi le marché obligataire.Le territoire colombien recèle un potentiel intéressant, selon les analystes. « Le pays est relativement sous-évalué, avec de larges portions non explorées et de nombreuses caractéristiques géologiques de son voisin vénézuélien », relève le ministère de l'Énergie américain. Les objectifs d'Ecopetrol sont d'autant plus crédibles qu'ils ne sont pas exclusivement soumis aux aléas de l'exploration pétrolière. Juan David, analyste à la société de Bourse colombienne Interbolsa, souligne que « le taux de récupération (du pétrole contenu dans les gisements) d'Ecopetrol plafonne à 18 % », un niveau bien inférieur à celui de 30 %-35 %, le standard de l'industrie. « Pendant longtemps, la compagnie, lorsqu'elle était publique, a été limitée dans ses investissements en nouvelles technologies », explique-t-il. Compte tenu des améliorations à attendre sur sa récupération, « Ecopetrol n'a pas besoin de beaucoup s'étendre pour atteindre son objectif ». Concurrence accrueSi 80 % de ces 80 milliards d'investissements seront concentrés sur l'exploration-production, l'aval ne sera pas oublié, avec la construction d'un nouveau pipeline. Ecopetrol, seul raffineur colombien, compte également moderniser ses installations et augmenter leurs capacités. Aujourd'hui, la Colombie exporte la moitié de son brut - surtout aux États-Unis - mais est contraint d'importer des produits raffinés. Ecopetrol doit néanmoins composer avec une concurrence croissante sur son propre sol, une situation singularisant la Colombie par rapport au Brésil et au Venezuela, qui renforcent l'emprise publique sur les réserves d'hydrocarbures. En 2004, pour attirer les investissements, le gouvernement colombien avait autorisé des opérateurs étrangers à détenir des blocs en totalité. Lors d'un appel d'offres, en juin, EcoPetrol n'a remporté que 15 des 78 blocs d'exploration mis aux enchères. Face à cette situation, l'entreprise a amorcé son internationalisation. Elle est aujourd'hui présente au Brésil, dans le Golfe du Mexique et au Pérou, un mouvement appelé à s'intensifier.
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