La reprise acquise, Obama s'attaque au déficit

De mémoire d'élus, on n'avait pas vu cela depuis des lustres : des poids lourds du camp républicain et démocrate, assis côte à côte dans la grande salle du Capitole, écoutant religieusement le président Obama à l'occasion de son discours sur l'état de l'Union, mardi soir. Sans doute la classe politique américaine, encore sous le choc de la fusillade de Tucson, en Arizona, contre des élus fédéraux et locaux, voulait montrer aux électeurs qu'elle savait se serrer les coudes. L'heure, de toute façon, n'était pas à la polémique. Alors que la reprise économique se confirme - ce que n'a pas manqué de souligner le président - il faut maintenant passer à la phase deux de l'opération « gagner l'avenir », comme l'a baptisée Barack Obama. Gagner l'avenir, cela veut dire redonner toute sa compétitivité à l'économie américaine, que ce soit par le biais d'une structure d'impôts plus favorable aux activités et en particulier à l'innovation, ou grâce à l'amélioration des infrastructures. Mais en ces temps de crise sur la dette souveraine en Europe, cela veut dire également réduire un déficit fédéral abyssal. Pour l'heure, le « trou » est de quelque 1.200 milliards de dollars et, selon les prévisions de la Maison- Blanche elle-même, le montant de la dette fédérale dépassera en 2012 le ratio de 70% du PIB. Pis, en 2015, il devrait atteindre les niveaux affichés par certaines économies européennes, et qui ont entraîné une grave crise de confiance. Chasse au gaspillage Pas question, donc, de donner aux marchés l'impression que Washington ne fait rien pour utter contre ce déséquilibre. Le président a ainsi officiellement proposé mardi soir de geler, sur cinq ans, les dépenses de certains programmes fédéraux, le tout afin de réduire, sur 10 ans, le déficit de 400 milliards de dollars. Un montant somme toute modeste, mais qui a l'avantage de donner un signal aux marchés. Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, n'avait pas dit autre chose au début de ce mois devant la commission budgétaire du Sénat, en enjoignant les élus d'adopter un plan crédible de réduction du déficit. « Personne ne doute de la capacité des États-Unis à payer leurs dettes. Mais il s'agit de prouver que le pays a la volonté politique de le faire. La démonstration de cette volonté politique, voilà ce qu'attendent les marchés », avait-il déclaré. Dans son discours, le président s'est montré avare en détails mais a tenu à préciser que la chasse au gaspillage était ouverte, aussi bien pour les soins aux personnes âgées (Medicare) et aux pauvres (Medicaid), que pour les caisses publiques de retraite, qui devront être plus performantes. Quant au Pentagone, il verra aussi son budget amputé de quelque 78 milliards de dollars.
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