Espionnage : l'ex-Régie espère des preuves suffisantes avant le 10 février

Dans l'affaire de l'espionnage industriel qui le secoue depuis six mois, Renault ne décolère pas. Excédé du scepticisme croissant des médias, Renault « espère que la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) trouvera des éléments de preuves suffisantes » de la culpabilité des trois cadres incriminés « avant le 10 février » ! Histoire de profiter de cette journée très médiatique pour se défendre, voire contre-attaquer, même si l'entreprise ne peut communiquer officiellement sur l'enquête en cours.Furieuse des « fuites » de la DCRI jugées négatives pour son image, l'ex-Régie compte bien « profiter » à son tour des indiscrétions des services de contre-espionnage lorsque « seront dégagés les premiers éléments de preuve » en sa faveur. Même si « l'enquête prendra des mois ». Renault récrimine contre les informations distillées jusqu'à présent par la DCRI dans la presse par mesure de rétorsion, pour « n'avoir pas été appelée dès le début de l'affaire ». « Chaque fois qu'on reçoit une alerte interne, on ne va pas faire appel à la DCRI ! Nous avons d'abord lancé en août 2010 une enquête interne pour vérifier la véracité de ce qu'on nous dénonçait », explique-t-on officieusement chez Renault. « Fin décembre, nous avons estimé que nous avions assez d'éléments pour lancer une procédure disciplinaire contre trois cadres. Ceux-ci ont été convoqués le 3 janvier », poursuit le groupe, et licenciés pour « faute lourde ». « Nous nous sommes adressés au procureur de la République de Paris, spécialisé dans le grand banditisme et le terrorisme. Le dossier aurait pu être refusé. Mais il a été jugé suffisamment solide pour être accepté. » Le procureur a saisi la DCRI, qui doit « transformer les éléments d'information recueillis en éléments de preuve », souligne-t-on à Boulogne-Billancourt, siège du groupe. Le constructeur au losange ne doute pas de son bon droit dans l'affaire et de la « condamnation » finale des espions présumés.Renault a déposé, le 13 janvier, une plainte contre X « pour des faits constitutifs d'espionnage industriel, de corruption, d'abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée ». Les trois cadres soupçonnés d'avoir fourni des informations à l'étranger sur le programme clé de la voiture électrique, Mathieu Tennenbaum, Michel Balthazard et Bertrand Rochette, s'obstinent toutefois à nier et ont décidé de déposer plainte pour « dénonciation calomnieuse » ou « diffamation non publique ». La DCRI a perquisitionné ces derniers jours les locaux de Renault pour récupérer leurs ordinateurs. A.-G. V.
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