Les universités devront revoir leur gouvernance, sur le modèle américain

Il y a encore quelques années, les propositions de l'économiste Philippe Aghion auraient pu faire l'effet d'une bombe. Dans le rapport d'étape sur « l'excellence universitaire » qu'il a remis mardi à la ministre de l'Enseignement supérieur, le professeur de Harvard prône un développement et un modèle de gouvernance calqués sur les expériences anglo-saxonnes pour passer à l'étape suivante de l'autonomie. Sa lettre de mission lui demandant d'« identifier les actions les plus remarquables » conduites à l'étranger (« La Tribune » du 25 janvier 2010), les meilleures universités américaines, qui trustent les premières places du classement de Shanghai, ne pouvaient que servir d'étalon, à commencer par Harvard. Même si Philippe Aghion vante aussi les modèles allemand et nordique (suédois et danois).Philippe Aghion s'appuie sur un « trépied gagnant » : développer l'autonomie, accroître les moyens et recourir aux incitations telles les appels à projets et bourses d'agence de recherche (ANR, ERC?). « L'autonomie ne veut pas dire grand-chose sans les moyens », insiste Philippe Aghion. Alors que Valérie Pécresse vante chaque année l'augmentation de 1 milliard d'euros du budget des universités, il convient selon lui d'aller plus loin dans la revalorisation des rémunérations des enseignants, notamment par le biais des fondations, afin de les rendre plus compétitives. Autre credo, une « gouvernance équilibrée » intégrant « la légitimité exécutive » (un « board of trustees » à l'américaine composé de personnalités extérieures qui désigne et peut révoquer le président doté de pouvoirs étendus) et la « légitimité académique » (Sénat académique et exécutif académique s'appuyant sur les doyens). coexistenceQuant à l'excellence, elle ne saurait se passer de la coexistence de tous les niveaux : écoles doctorales et masters (« graduate schools »), mais aussi 1ers cycles propédeutiques (« undergraduate »). « Il est essentiel que les enseignants-chercheurs enseignent en premier cycle », insiste-t-il. Si Valérie Pécresse lui a demandé une remise anticipée de son rapport dans la perspective de la sélection des campus d'excellence, financés par le grand emprunt, elle ne compte pour autant pas modifier sa loi LRU. Aux universités, autonomes, de s'emparer de ces idées qui « vont nourrir le débat pour le grand emprunt et servir à la rédaction du cahier des charges », prévient-elle, sans s'avancer plus avant sur la possibilité de transposer en France de tels modèles. Clarisse Jay
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