Nouvelle donne pour les acteurs du crédit conso

LUDOVIC/REALe projet de loi de Christine Lagarde sur la réforme du crédit à la consommation sera voté ce mardi. « C'est l'une des évolutions législatives les plus structurantes pour le secteur, au même titre que la loi Scrivener de 1978 ou les lois Neiertz de 1989 », estime un des grands acteurs du secteur. La nouvelle loi améliore la protection du consommateur : elle prévoit notamment de préciser les modalités de mise en place, d'ici un an, d'un fichier positif qui recensera l'ensemble des crédits souscrits par les particuliers et de ramener la durée d'inscription au fichier des incidents de paiement (FICP) à cinq ans. Mais elle va aussi obliger les établissements spécialisés à repenser leur modèle en profondeur. En effet, la réforme des taux de l'usure promet de réduire considérablement les marges des acteurs qui distribuaient majoritairement du crédit renouvelable (revolving). L'obligation d'amortir un minimum de capital à chaque mensualité, celle d'offrir une alternative en crédit amortissable à partir d'un certain montant ou encore celle de collecter davantage de pièces justificatives avant d'accorder un crédit, pèseront également. avantage au nouvel entrant Les modèles de distribution seront également affectés, notamment par l'obligation d'établir une fiche de dialogue ou l'activation par défaut du paiement au comptant des cartes de fidélité.Pour Pierre Blanc, le fondateur d'Athling Management, le cabinet qui avait rédigé le rapport à l'origine des principales mesures de la réforme, « on peut se poser la question de la pérennité des sociétés qui avaient basé leur business model sur le crédit renouvelable ». L'application de la nouvelle loi, qui en diminuant les taux des crédits existants (certains passeront de 20 % à 9 ou 10 %), va immédiatement réduire leur rentabilité, dans un contexte économique déjà difficile. En 2009, la production de crédit à la consommation des établissements spécialisés a baissé de 13 % et avec l'augmentation du chômage, la charge du risque est orientée à la hausse. à l'inverse, les acteurs généralistes comme le nouvel ensemble Sofinco-Finaref ou BNP Paribas Personal Finance (Cetelem), et les banques « classiques » devraient tirer leur épingle du jeu. « Elles pourraient récupérer une partie de l'activité des établissements spécialisés, notamment grâce aux cartes débit-crédit », estime Pierre Blanc, pour qui « les banques ne devraient cependant pas phagocyter le marché car elles ne sont pas positionnées sur les lieux de vente ». Par ailleurs, plus vigilantes à la montée de la charge du risque, les banques ont généralement une clientèle plus favorisée que les établissements spécialisés. La Banque Postale, en particulier, devrait profiter de son statut de nouvel entrant. Contrairement à la majorité des établissements spécialisés, La Banque Postale Financement n'aura ni à remodeler sa gamme de produits, ni à gérer le passage d'une partie de sa production du renouvelable à l'amortissable, ni à retravailler son image. Se posant comme alternative aux acteurs du crédit à la consommation existants, elle construit d'ailleurs son image autour du « crédit responsable ». nLes députés doivent se prononcer ce mardi sur la réforme du crédit à la consommation.
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