L' Allemagne et l'Autriche ouvrent à leur tour leur marché du travail

Ils arrivent, « plombiers » ou pas : à partir du 1er mai, les Polonais et leurs voisins centre-européens, à l'exception des Bulgares et des Roumains, pourront venir librement chercher un travail de l'autre côté de la ligne Oder-Neisse sans devoir se procurer de permis. L'Allemagne et l'Autriche sont ainsi les deux derniers « vieux » États européens à ouvrir leur marché du travail aux nouveaux venus de l'Est du Continent. Cet afflux potentiel de main d'oeuvre est plus que bienvenu, au moment où l'économie allemande, avec 7 % de chômage et un commerce extérieur au beau fixe, tourne à plein. « L'économie allemande salue la pleine liberté de circulation des travailleurs », déclare à « La Tribune » un porte parole du BDA. Cette fédération des employeurs espère ainsi « couvrir le besoin croissant de main d'oeuvre », particulièrement « dans les professions techniques et scientifiques » où les entreprises cherchent « désespérément » des bras et des cerveaux.C'est bien le problème. En Pologne, on craint de perdre les plus qualifiés, alors qu'il y a sept ans l'humeur était plutôt à la « conquête de l'Ouest ». 2,2 millions de ressortissants des huit pays est-européens qui ont adhéré en 2004 (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Estonie, Lettonie, Lituanie) travaillent déjà hors de leur patrie, à l'Ouest et au Sud de l'Union européenne. Parmi eux, 1,45 million de Polonais, pour qui l'Allemagne n'est pas exactement une terra incognita. Ils sont déjà 369.000 à y vivre, en dépit des restrictions en vigueur jusqu'à ce samedi 30 avril.Risque de dumping socialCôté allemand, cette ouverture relance les craintes de dumping social et le débat sur le salaire minimum. En Autriche, les velléités d'harmonisation sociale européenne ont refait surface. « On peut s'attendre à ce que les entreprises exploitent l'acceptation, par les travailleurs migrants, de conditions de travail moins favorables » que les travailleurs allemands, estime Thorsten Schulten de la fondation Hans Böckler, proche des syndicats. Et de rappeler que les 550.000 Polonais travaillant au Royaume-Uni ont un salaire moyen d'un tiers inférieur aux autochtones. En Allemagne le salaire minimum n'existe que pour certaines branches. Les entreprises allemandes et autrichiennes ont déjà commencé à exploiter les différentiels de coût du travail au moyen d'accords de prêt de main d'oeuvre. Certaines n'ont pas attendu le 1er mai pour commencer à recruter par delà la frontière.Florence Autret, à Bruxelle
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