Karine Berger : « La zone euro joue les Bisounours dans la guerre des monnaies »

Karine Berger demeure fidèle à son franc-parler. La députée PS - brocardée vendredi dernier sur Twitter en raison d\'une interview à La Provence, dans laquelle elle évoquait son « extraordinaire influence » et sa « capacité à faire bouger les lignes » - a tiré à boulets rouges sur la politique monétaire de la zone euro, mercredi, lors d\'une conférence de presse de l\'Association française des trésoriers d\'entreprise (AFTE), consacrée au financement des entreprises et à la redynamisation de l\'économie française.Une redynamisation qui nécessite de prendre à bras le corps le problème de l\'euro fort, « afin que les entreprises françaises parviennent de nouveau à placer leurs produits, à engranger du chiffre d\'affaires », estime la secrétaire nationale à l\'économie du Parti Socialiste. Et de citer Fabrice Brégier : le 20 juin, à l\'occasion du salon du Bourget, le PDG d\'Airbus, dont les ventes sont libellées en dollars, avait déclaré que l\'avionneur pouvait « vivre avec un euro à 1,33 ou 1,34 dollar », mais que son « objectif (était) que l\'euro se situe durablement en dessous de 1,30 dollar [son cours actuel ; Ndlr]. »« Je pense même que le seuil devrait être de 1,25 dollar », a ajouté Karine Berger. De fait, le rapport de Louis Gallois sur la compétitivité de l\'industrie française, remis au gouvernement à l\'automne dernier, fixait pour l\'euro une fourchette de 1,15 à 1,20 dollar, au-dessus de laquelle la compétitivité des entreprises hexagonales serait mise à mal.« La zone euro a-t-elle vraiment envie de se battre pour faire baisser l\'euro ? »Mais, alors que le taux de change de l\'euro face au dollar a grimpé de 4,39% au cours des douze derniers mois, « la zone euro a-t-elle vraiment envie de se battre pour que la devise européenne baisse un peu ? », s\'interroge Karine Berger. Qui enfonce le clou : « La zone euro joue les Bisounours dans la guerre actuelle des monnaies. On voit pourtant bien que, lorsque les Etats-Unis entrent dans un bras de fer commercial avec la Chine, cela fonctionne ! », s\'agace la députée PS.Pour cette dernière, la zone euro doit se fendre d\'un message politique sur le taux de change, parler d\'une seule voix afin de tenter de corriger le problème de l\'euro fort. « Une zone monétaire doit avoir une politique de change, sinon elle se voit imposer une parité qui ne correspond pas à l\'état réel de son économie », avait déjà tonné François Hollande, le 5 février, lors d\'un discours devant le Parlement européen.Des propositions pour changer le mandat de la BCELe hic, c\'est que le taux de change n\'est pas officiellement l\'un des objectifs de la politique de la Banque centrale européenne (BCE), a rappelé mercredi son président, Mario Draghi, lors d\'une audition par les Commissions des finances et des affaires européennes de l\'Assemblée nationale. Tout en reconnaissant que le cours de l\'euro a des conséquences sur la stabilité des prix, dont le maintien est, pour le coup, le principal objectif du mandat de la BCE.Justement, « la BCE ne doit-elle s\'occuper que de stabilité ? Je ne le pense pas », avait décrété Antonio Tajani, commissaire européen à l\'industrie et vice-président de la Commission européenne, dans un entretien au journal Le Monde, le 14 juin. Invoquant un « euro trop fort pour notre industrie » et estimant que « la monnaie unique n\'est pas un objectif mais un instrument », Antonio Tajani avait alors indiqué qu\'il « comptait faire rapidement des propositions dans le sens » d\'un changement du mandat de la BCE. Si l\'Allemagne, qui refuse que l\'on touche à la BCE, finissait par infléchir sa position, Karine Berger arguerait-elle à nouveau de sa « capacité à faire bouger les lignes ? » 
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