Que savait Mario Draghi de l'"arrangement" des comptes de l'Italie pour entrer dans la zone euro

L\'Italie a-t-elle précédé la Grèce dans le maquillage de ses comptes pour entrer dans la zone euro ? C\'est ce que laisse entendre un rapport du Trésor italien que se sont procurés le Financial Times et la Repubblica. Selon ce rapport, l\'Italie a restructuré au premier semestre 2012 huit contrats dérivés passés avec des banques étrangères pour un montant total notionnel de 31,7 milliards d\'euros. Selon des experts interrogés par le FT, les pertes potentielles que le pays devrait assumer sur ces contrats seraient, au 20 juin, de 8,1 milliards d\'euros. Mais le rapport ne donne aucun détail précis sur ces contrats.Un montage désavantageuxMais l\'essentiel réside peut-être dans l\'origine de ces contrats restructurés en 2012. Le Trésor italien aurait alors utilisé ces instruments pour obtenir des paiements immédiats des banques afin de faire entrer le déficit italien dans les clous des critères de Maastricht et permettre l\'adhésion du pays à la zone euro dès 1999. Selon la Repubblica, ces instruments seraient des « swap off market » qui prévoient un paiement en cash des banques au Trésor moyennant le versement d\'un taux variable basé sur les taux du marché. L\'avantage de ces swaps était de pouvoir être dissimulés dans les comptes sous la forme de prêts et de disposer de fonds immédiatement. Le désavantage, c\'est que ce type de swap peut coûter très cher puisque, à la différence des swaps simples, il n\'y a pas de versements des banques à taux fixes qui peuvent parfois compenser les engagements à taux variables.Comment l\'Italie est-elle entrée dans la zone euro ?Rappelons qu\'en 1996, l\'Italie se débattait encore pour se qualifier dans la zone euro. Après la crise monétaire de 1992 et la dévaluation de la lire, puis la crise politique qui a suivi, le pays affiche des déficits publics considérables. En 1996, il atteint encore 7 % du PIB. Mais, à la surprise générale, ce déficit passe en 1997 à 2,7 % du PIB et entre ainsi dans les clous des critères de Maastricht. En termes bruts, selon Eurostat, le déficit italien serait alors passé en un an de 69,52 milliards d\'euros à 28,86 milliards d\'euros. Une amélioration de 40 milliards d\'euros dont on peut aujourd\'hui soupçonner que l\'origine n\'est pas entièrement étrangère à ces transactions de dérivés. L\'an passé, le Spiegel avait déjà relevé que Helmut Kohl, alors chancelier allemand, avait préféré ignorer les rapports qui le mettaient en garde contre le « maquillage » des comptes publics italiens.Questions sur Mario DraghiCette affaire pose une autre question, plus brûlante encore : celle de la responsabilité de Mario Draghi, directeur du Trésor italien de 1991 à 2001. Il serait peu crédible de penser que l\'actuel président de la BCE n\'ait pas connu ces transactions et les risques qu\'elles faisaient porter sur les comptes italiens. Au moment où la BCE joue gros, notamment face à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, cette affaire tombe fort mal. 
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