L'étau se resserre sur l'Iran

Jamais la diplomatie européenne n'aura été aussi unie, contre un ennemi commun - l'Iran, ou plutôt, le danger que font planer sur le monde les ambitions de Téhéran, soupçonné de vouloir développer l'arme nucléaire. Et jamais la diplomatie européenne n'aura frappé aussi fort. Non seulement les sanctions, adoptées comme prévu ce lundi par les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept (les ambassadeurs des pays membres de l'Union européenne s'étaient déjà mis d'accord sur le principe de telles mesures la semaine dernière), transposent en Europe celles qui ont été votées au Conseil de sécurité de l'ONU le 9 juin dernier, mais elles vont plus loin. Elles dépassent également les sanctions promulguées le 1er juillet dernier par le président américain Barack Obama (voir ci-dessous).L'Europe a décidé de frapper l'Iran au coeur, en s'en prenant directement à son industrie pétrolière et gazière, dont les exportations représentent près de la moitié des revenus de l'État iranien. Les sanctions européennes interdisent ainsi tout nouvel investissement, toute assistance technique et tout transfert de technologie en direction de l'Iran, notamment en ce qui concerne la liquéfaction du gaz et le raffinage du pétrole. Car si Téhéran produit sans difficulté du gaz et du brut (le pays est même le deuxième plus grand producteur d'or noir dans la région, après l'Arabie Saoudite), il reste à la traîne en matière de raffinage et doit importer près de 40 % de l'essence qu'il consomme.L'Europe s'en prend aussi au commerce de la République islamique, en exigeant aussi bien une inspection portuaire des bateaux iraniens - qui pourraient transporter des produits ou de l'équipement relatifs à son programme nucléaire - que des avions atterrissant dans les aéroports européens. Enfin, toujours pour contrer les activités d'import-export, les banques iraniennes n'auront plus le droit d'ouvrir de nouvelles filiales sur le territoire européen. Autant dire que l'étau international se resserre sur l'Iran, le Canada annonçant dans la foulée de l'Europe l'imposition de ses propres sanctions. De quoi faire revenir Téhéran à la table des négociations pour que la lumière soit faite sur son programme nucléaire, censé être uniquement civil?? Peut-être. Les sanctions de l'ONU ne sont pas les premières, ce sont même les quatrièmes, et Mahmoud Ahmadinejad s'en est toujours gaussé. Il semble cependant prendre au sérieux la nouvelle salve. Dès le week-end passé, le chef de la diplomatie iranienne annonçait que son gouvernement était prêt à entamer des négociations avec l'Occident sur l'échange de combustible nucléaire (faiblement enrichi contre enrichi), proposition lancée en mai dernier par la Turquie et le Brésil, mais rejetée par les pays industrialisés. Une rencontre avec la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, pourrait avoir lieu en septembre, après le ramadan.
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