Une économie rodée aux contraintes

L'économie iranienne n'en est pas à ses premières sanctions. La révolution islamique de 1979 avait débouché sur le gel des avoirs iraniens dans les banques américaines. Les entreprises iraniennes ont appris au fil des années à évoluer dans un contexte difficile. « Ce nouveau train de sanctions ne va pas arranger les choses mais ne va pas modifier fondamentalement la donne », estime Denis Bauchard, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales.En interdisant tout nouvel investissement, assistance technique ou transfert de technologie, notamment pour le raffinage et la liquéfaction de gaz, l'Union européenne touche au coeur de l'économie iranienne. Dépositaire des deuxièmes réserves de brut au monde après l'Arabie Saoudite, l'Iran reste largement tributaire de son industrie pétrolière et gazière. Près de la moitié des recettes budgétaires en dépendent.Mais le pays doit importer 40 % de ses besoins en essence en raison de capacités de raffinage insuffisantes. Les sanctions européennes à peine adoptées, le vice-ministre du Pétrole, Alirez Zeighami, a annoncé que l'Iran allait investir 46 milliards de dollars dans ses raffineries. Le pays dispose pour cela de précieuses réserves de change qui approchent 90 milliards de dollars.Mais les automobilistes iraniens comptent davantage sur la contrebande que sur les plans d'investissements du gouvernement pour remplir le réservoir de leurs voitures. Quelque 150 camions citernes empruntent quotidiennement la route de Basmakh, dans le nord de l'Irak, pour se rendre en Iran chargés de leur précieuse cargaison d'essence ou de produits raffinés.La contrebande passe également par les Emirats arabes unis, premier partenaire commercial de l'Iran, d'où une centaine de bateaux rapides feraient quotidiennement la navette avec l'Iran, selon une estimation de la chambre de commerce iranienne. Ces échanges sont facilités par la présence de 400.000 Iraniens à Dubai, sur une population totale de 2,5 millions de personnes.Le chef iranien du bureau de la lutte contre la contrebande, Saïd Mortazavi, expliquait récemment dans le quotidien « Doniaye-Eghtessad », que les importations et exportations illégales atteignaient 19 milliards de dollars par an, soit un tiers des échanges commerciaux de l'Iran. « Le problème, c'est que les produits de contrebande sont plus onéreux, ce qui devrait renforcer une inflation galopante qui atteint déjà 30 % », estime Denis Bauchard. Xavier Harel
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