L'AIE s'inquiète des prix trop bas de l'électricité en France

L'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui analyse tous les cinq ans les politiques énergétiques de ses pays membres, a dévoilé lundi son rapport concernant la France. Bilan : un nombre certains de satisfecits, quelques réserves, mais un gros point noir, l'absence presque complète de concurrence dans le marché de l'électricité et une invitation à clarifier le fonctionnement de sa filière nucléaire.Le principal reproche adressé à la France par l'AIE concerne effectivement son marché de l'électricité. L'institution déplore la « concurrence vraiment très limitée » qui le caractérise, ses prix réglementés (par le gouvernement) et artificiellement bas. « La structure actuelle des tarifs ne couvre pas les coûts de développement de la nouvelle capacité nucléaire et pourrait représenter une menace à moyen terme pour assurer des investissements suffisants », souligne ainsi le rapport. Sur ce point, les propos de l'agence rejoignent ceux des dirigeants d'EDF. Pierre Gadonneix, ex-PDG d'EDF, avait perdu son poste pour avoir réclamé l'an dernier une hausse de prix de 20 % sur trois ans de façon à couvrir ses investissements. En revanche, l'AIE salue la loi Nome, actuellement examinée au Sénat après son adoption à l'Assemblée. Mais le texte législatif, qui obligera EDF à céder jusqu'à un quart de l'électricité de son parc nucléaire à ses concurrents, s'accompagne justement d'un vif débat concernant le prix de cession. Le PDG d'EDF, Henri Proglio, demande un tarif minimum de 42 euros par mégawattheure, soit sept euros de plus que le prix réglementé actuel pour les particuliers. suppression de la régulationDans son rapport, l'AIE joint sa voix au concert de ceux qui estiment que les tarifs ne peuvent faire autrement que d'augmenter en France pour assurer le développement du parc nucléaire. Pour ce faire, l'agence « recommande d'abord la suppression de la régulation des tarifs pour les clients non résidentiels pour travailler ensuite aux prix de marché pour l'ensemble des clients ». Et l'Agence de tacler les pouvoirs publics français: « que le gouvernement détienne toujours l'arbitrage final à propos des tarifs crée un risque potentiel de décisions motivées politiquement ».Le rapport sait toutefois aussi distribuer des bons points. Ainsi, se félicite l'Agence, les importations en hydrocarbures du pays sont très diversifées. Depuis la dernière étude, la sécurité des approvisionnements en gaz a été renforcée avec des « avancées majeures », notamment avec des capacités supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL). Seule la Norvège, premier fournisseur de l'Hexagone, représente actuellement plus de 20 % de ses imports de gaz. Autre satisfecit : la France est également l'une des économies industrialisées les moins génératrices de CO2, grâce au nucléaire, qui représente près de 80 % de la production d'électricité domestique. Mieux, le niveau d'émission des gaz à effet de serre a décliné depuis 2005, alors qu'il était à un niveau « relativement faible ». La France est encore louée pour ses objectifs « très ambitieux » de lutte contre le changement climatique du Grenelle de l'environnement. Mais l'AIE s'inquiète des risques que le Grenelle ne reste qu'un catalogue de bonnes intentions. « Le gouvernement doit notamment contrôler avec soin la mise en oeuvre des mesures définies dans les lois relatives au Grenelle ». L'agence décoche au passage une petite pique au Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer, dont « la complexité de la structure » rend « extrêmement important d'assurer une étroite coopération entre ses différentes directions ».
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