Corinne Lepage « inquiète pour le marché carbone européen »

Le nouveau projet de loi sur l'énergie que devait dévoiler lundi Harry Reid, la tête de file des démocrates aux Sénat, sera lourd de conséquences sur l'avenir de la lutte contre les déréglements climatiques. Très édulcoré, ce projet ne prévoit plus l'instauration d'un plafond des rejets de CO2 par l'industrie américaine ni la création d'un grand marché de permis d'émission (« Cap and trade ») qui aurait permis de donner un coût à la pollution par les gaz à effet de serre. N'ayant pas réussi à rallier des voix républicaines, le projet a été restreint à la sécurité du forage off-shore, à rendre clairement responsable BP pour la marée noire dans le Golfe du Mexique, à la conversion des camions au gaz naturel notamment. Grande incertitudeCe redimensionnement devrait permettre à Harry Reid de soumettre dès la semaine prochaine le projet au vote du Sénat, mais ouvre une phase de grande incertitude pour la prochaine grande conférence internationale sur le climat à Cancun à la fin de l'année. Même si le Sénateur américain estime possible que le Congrès réexamine une législation sur le climat en septembre, l'approche des élections de mi-mandat, en novembre, rend cette possibilité très hypothétique. « Les pays vont arriver à Cancun aussi démunis qu'à Copenhague l'an dernier voire plus car le risque est que le prochain Congrès soit encore moins favorable à une loi sur le climat que l'actuel », explique Corinne Lepage, euro-député et ancienne ministre de l'Environnement. Le report à plus tard, vo?ire beaucoup plus tard, de l'adoption d'une véritable loi sur le climat aux États-Unis privera le président Obama des ressources que devait générer la vente des permis d'émissions et « repose la question des engagements des pays du nord à aider financièrement ceux du sud face au réchauffement », poursuit l'euro-député.Plus inquiét?ant encore, « l'avenir du Protocole de Kyoto est en jeu ». Il est le seul cadre juridique international contraignant qui réglemente les émissions de CO2 et fonde l'existence du marché carbone européen.  « Je suis inquiète pour l'avenir du marché carbone », admet l'euro député. « La première phase du protocole de Kyoto expirera fin 2012 et si rien n'est décidé à l'ONU ce protocole risque de sombrer », prévient-elle. Elle préconise de réfléchir « d'urgence » à l'hypothèse d'une taxe sur les émissions qui pourrait combler le vide que laisserait l'éventuelle paralysie du marché en 2013.
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