La Bundesbank embarrassée par un scandale raciste

Le président de la banque centrale allemande, la Bundesbank, Axel Weber, se serait volontiers passé du nouveau scandale entourant un des membres de son directoire. Alors qu'il doit parler, ce week-end (voir aussi page 20) devant ses pairs banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming), des « défis macroéconomiques : la décennie à venir », le président de la « Buba » devra aussi gérer à distance les demandes unanimes en Allemagne de démission de Thilo Sarrazin, en charge de l'Informatique au sein du directoire. La chancelière Merkel considère, comme toute la classe politique du pays, que « les propos tenus [par Thilo Sarrazin] ne peuvent être que blessants à l'égard de nombreuses personnes dans ce pays », parlant de « diffamation ».« Je ne souhaite pas que le pays de mes petits et arrière-petits-enfants soit en grande partie musulman et que l'on y parle largement turc et arabe, que les femmes portent le voile et que le rythme quotidien soit déterminé par l'appel du muezzin », écrit Sarrazin, dont le mandat s'achève en 2014, dans son nouveau brûlot de 464 pages, « l'Allemagne s'autodétruit », paraissant lundi prochain. « Je me demande combien de temps encore la Bundesbank peut encore écouter ce que dit Thilo Sarrazin sans agir », s'indigne, par exemple, le président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, le chrétien-démocrate Ruprecht Polenz. RemousLe président de la Bundesbank est lui aussi scandalisé mais il ne peut destituer Sarrazin, seul le président fédéral allemand le peut. À l'automne dernier à la suite de propos similaires de Sarrazin, Axel Weber avait déjà réduit sa compétence au sein de la Buba aux seuls « systèmes informatiques ». Cette affaire remet en cause le bien-fondé de la complète indépendance de la Bundesbank des autres institutions allemandes, le directoire de la Buba se contrôlant en effet lui-même. Pour Axel Weber, un des plus éminents membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), ces remous viennent au mauvais moment. Il avait entrepris d'atténuer son image de rigoriste de la politique monétaire et entendait ainsi séduire ses détracteurs, notamment à l'Elysée, et donc augmenter ses chances de succéder à Jean-Claude Trichet comme Président de la BCE en 2011. F.-P. W.
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